Déjà, traiter du voyage temporel est une gageure en soi. C'est pourquoi, à mon goût, il préférable de faire dans la simplicité, pour ne pas dire l'épure. Un personnage central (ou un groupe restreint) bien personnifié, une question éthique pour fil rouge et un enjeu moral, policier ou émotionnel précis comme prétexte pour faire évoluer le personnage et ainsi découvrir son monde intérieur et/ou l'univers dans lequel il évolue.
Ici malheureusement la surabondance de tout (personnages, points de vue et enjeux) nuit à la lisibilité du fil rouge. On se souviendra de la série, non pas comme d'une série qui aborde le voyage temporel sous un original, mais surtout de la série dont le personnage principal est amoureux de sa mère et (pour la faire courte) finit par se la faire.
Oedipe en sueur. Spectateur médusé. Effet assuré !
Mais, disons le sans langue de bois, l'ombre de l'inceste plane souvent par intermittence sur les K-drama et les scénaristes coréens, nous avaient déjà fait le coup des faux/vrais oncle et nièce dans Pinocchio, les vrais/faux frère et soeur dans Reply1994, etc, etc, etc... Mais alors qu'habituellement on flirte mollement avec des situations de flou filial, ici on attaque une situation de transgression ne laissant presque aucune place au doute.
Ce n'est pas dérangeant qu'une série aborde cette question, mais alors elle doit le faire honnêtement et l'assumer (en explorant les questions éthiques et émotionnelles que cela implique pour ses personnages par exemple). Elle ne devrait pas, comme ici, utiliser la transgression de l'inceste mère/fils comme un levier sensationnaliste pour éclipser volontairement sa thématique principale du voyage temporel.
Mais si pour Alice cela ressemble à un écran de fumé, il est vrai que la thématique de l'inceste a une place particulière dans les productions asiatiques. Et si ce n'est pas l'inceste à proprement parler qui s'invite régulièrement dans certains scénarios coréens, sous des abords à peine déguisés, il est presque toujours question du sentiment amoureux sous l'angle de la promiscuité identitaire la plus intime.
A croire (à tort très certainement) que les coréens (vus par les k-drama) ne peuvent aimer que celle ou celui qui, membre de leur cercle proche, leur ressemble et qu'ils côtoient depuis toujours (ami d'enfance, frères ou soeurs d'adoption, copains de classe, voisin de quartier, meilleur ami/e, etc) . Mais est-ce surprenant que dans un pays, qui a longtemps vécu en autarcie et où les échanges avec les pays voisins se sont souvent soldés par des dominations (la Chine) voire des occupations (le Japon), on préfère l'ancien et le proximal à l'inconnu venu d'ailleurs ?
Et si l'étranger ou le nouveau venu débarqué la veille, éveille naturellement méfiance et empêche un rapprochement quelconque, alors quoi de mieux qu'une mère et son fils pour battre tous les records d'ancienneté et de proximité ?
C'est malaisant ? Oui, pour 99% des habitants de la planète (dont les coréens eux-mêmes) pour qui ce rapport est considéré comme un tabou absolu. Le scénariste le sait et en joue pour marquer les esprits et se faire remarquer à peu de frais.
J'ai regardé les 12 premiers épisodes laborieusement puis lassée par les répétitions et les errances d'un scénario qui s'essouffle, je suis passée directement au dernier épisode que j'ai suivi avec ennui et sans aucune surprise.
Je n'ai pas apprécié grand chose dans la série : prophétie inutile, personnages secondaires mal développés, dialogues moyens, BO peu marquante, réalisation correct mais sans identité, jeu d'acteurs rendu invisible par les incongruités du scénario, etc. Au final tout cela me laisse l'impression d'un brouillon mal dégrossi où seuls les tous premiers épisodes portent une jolie promesse malheureusement trop vite gâchée... ou presque.