Ally McBeal, diffusée en 1997 sur FOX, c’est l’histoire d’une avocate aux grands yeux et aux rêves un peu étranges, qui jongle entre la défense de ses clients et ses propres névroses sentimentales. Ally, c’est la femme qui n’a jamais vraiment quitté ses pensées de jeune fille romantique, tout en se retrouvant dans un cabinet d’avocats où chaque jour est un peu un épisode de comédie musicale intérieure. Entre fantasmes visuels, batailles judiciaires et drames de cœur, la série est un mix de soap, de comédie décalée et de réflexion sur les (in)satisfactions de la trentaine.
Là où Ally McBeal se distingue, c’est dans ses délires visuels et ses hallucinations, où l’on voit des bébés dansants en 3D, des cœurs qui explosent et même des poissons qui parlent. Ally vit chaque émotion comme un grand spectacle intérieur, et la série prend un malin plaisir à nous faire plonger dans son esprit, parfois plus coloré que le bureau de ses collègues. La créativité visuelle est souvent amusante, même si, avouons-le, voir un bébé CGI danser comme un mini Mick Jagger est un peu perturbant – et surtout, ça peut vite devenir répétitif. Ally est en proie à des obsessions qui deviennent plus des gimmicks visuels que de véritables éléments d'intrigue, mais, bon, ça fait partie de son charme.
Les personnages secondaires apportent une bonne dose de décalage, eux aussi. Entre Richard Fish, le patron avec ses "Fish-ismes" (philosophie pour le moins étrange), et John Cage, alias "le Biscuit", un avocat excentrique avec une flûte nasale et des rituels bizarres pour se calmer, le cabinet Cage & Fish ressemble plus à un cirque qu’à un lieu de droit. Chacun semble avoir une manie ou un tic qui le rend inoubliable – ou au moins bizarre – et l’on se retrouve dans une ambiance où le professionnalisme côtoie le loufoque. Les collègues d’Ally sont un mélange de soutien et de folie douce, et leurs interactions dansent entre la camaraderie et l’absurde, comme si chaque réunion de travail pouvait finir en sitcom.
L’intrigue suit principalement les aventures sentimentales d’Ally, qui, en bonne héroïne romantique, cherche désespérément le grand amour... ou un semblant de paix intérieure. Mais, hélas, ses choix amoureux sont aussi imprévisibles que ses visions. Chaque nouvel amour semble être une quête sans fin qui finit généralement en fiasco, mais qui lui apporte aussi une sorte de mélancolie charmante. Ally est pleine de contradictions : avocate de talent mais en proie à une instabilité émotionnelle de compétition. Cette dynamique, drôle et touchante, est aussi ce qui fait le charme et la frustration du personnage : elle est un peu perdue, parfois agaçante, mais on s’attache malgré tout.
Visuellement, Ally McBeal est un mélange de minimalisme et de pop visuelle, qui emprunte autant aux codes du drame qu’à ceux de la comédie romantique. Les bureaux du cabinet sont modernes et froids, contrastant avec l’ambiance chaleureuse et chaotique des relations entre les personnages. Les effets spéciaux sont un peu datés aujourd’hui, mais ils ajoutent au charme désuet de la série, qui a clairement marqué les années 90. La bande-son, toujours présente, nous offre des chansons pop et jazz qui rythment les émotions des personnages, avec un piano-bar dans le cabinet qui sert autant de scène de karaoké que de défouloir émotionnel pour Ally.
Cependant, la série peut souffrir de son propre excès : les visions surréalistes, les dialogues introspectifs et les péripéties amoureuses répétitives finissent par donner un sentiment de déjà-vu. À force de tourner en rond dans ses dilemmes personnels, Ally peut parfois lasser, et l’on se demande si elle finira un jour par trouver une vraie stabilité ou si elle est destinée à enchaîner les désastres sentimentaux et professionnels avec le même air pensif. Pour les spectateurs qui recherchent une progression claire dans l’intrigue, Ally McBeal peut sembler un peu décousue, préférant l’originalité au suivi d’une histoire classique.
En résumé, Ally McBeal est une série qui, avec son mélange de comédie romantique et de drame fantasque, offre un univers où la folie douce règne et où chaque émotion devient une petite scène de théâtre. Pour ceux qui aiment les héroïnes un peu perdues mais attachantes, et les bureaux où l’absurde est roi, Ally et sa bande offrent un voyage unique dans les méandres du cœur et de l’esprit. Mais pour ceux qui préfèrent un peu plus de stabilité et moins de bébés dansants, elle pourrait paraître aussi imprévisible qu’une hallucination… et un peu fatigante à suivre !