Altered Carbon rejoint les séries encensées par le public et n'ayant pas trouvé grâce à mes yeux, telles Stranger Things, Westworld, ou encore dans une moindre mesure Black Mirror. J'en viens à me dire que je vais arrêter de suivre les tendances, rendez-nous Dirk Gently (arrêté prématurément). Empruntant généreusement à tout l'univers cyberpunk, Blade Runner en tête (néons publicitaires, ruelles crasses et temps pluvieux, voitures volantes, société scindée en couches), avec un soupçon de Demolition Man pour l'idée de remettre en service un gros dur pour effectuer une enquête (on en comprendra un peu plus tard la raison), Altered Carbon patine malgré tout dans la semoule. Ce qui aurait pu être un chouette show ne devient qu'un Altered Pétard (mouillé pour ceux qui n'auraient pas suivi).
Alors donc, pourquoi cela n'a pas fonctionné chez moi, adepte de la SF, ne faisant pas la fine bouche non plus sur les films mettant en scène les gros bastonneurs? Les ingrédients semblaient pourtant y être.
Pour commencer, cette voix off qui n'apporte rien à l'intrigue, ne sert pas spécialement à présenter l'univers et énonce souvent des évidences, voire des poncifs. Et si ce n'était que la voix off, certains dialogues empruntent le même chemin. Et malheureusement, la série ne fait qu'effleurer de temps en temps les principes éthiques, philosophiques et religieux qu'impliquent donc cet espèce d'accès à l'immortalité (contrairement au bouquin d'après ce que j'ai compris). Ce n'est donc pas le sujet, mais j'ai plutôt l'impression qu'on est passé à côté partout. A trop vouloir simplifier, on perd de la substance, un peu comme cette adaptation en film de Ghost in the Shell.
Parlons aussi des acteurs. Joel Kinnaman (Takeshi Kovacs), qui incarne le détective torturé (originalité tu repasseras) est trop monolithique (peut-être est-ce ce qu'on lui a demandé de faire, mais ça ne passe pas pour moi, à part la colère, il ne sait pas exprimer grand chose) et est tout sauf sympathique et charismatique; il est donc difficile d'être empathique sur le personnage et de vibrer sur les épreuves qu'il subit, d'autant qu'il semble les traverser sans problème, sans subir quelques conséquences que ce soit au niveau physique ou mental, grâce à son super entraînement probablement, dispensé par une guerrière noire dans la forêt et aux sorts de soins (formidable techno du futur)... Quant à Martha Higareda (Kristin Ortega), son rôle se limite à jurer en espagnol et elle a semble-t-il également été recrutée pour ses courbes (qu'elle a fort jolies d'ailleurs, comme dirait Panoramix au sujet d'un certain nez célèbre). Reste Poe, qui est assez fun. C'est mince, c'est très mince, c'est dramatiquement mince.
L'enquête policière est minimaliste. Enfin, si on peut parler d'enquête. C'est un peu ce qui est annoncé au début, mais après, ça part un peu dans tous les sens (les scénaristes d'aujourd'hui ont tendance à confondre complexité et bordel), c'est mal maîtrisé, et les éléments qui iront enrichir les résolutions, arriveront un peu facilement, surtout vers la fin où on te déballe la solution (capillotractée). Le tout est arrosé de scènes de baise et de violence, dont certaines n'ont rien à envier à Mad Max. Mais ces scènes semblent là malheureusement pour dépenser de la pellicule et n'apportent pas grand chose à l'intrigue (il semblerait que le bouquin en est friand cependant, et qu'ils ont adapté la scène de torture pour que ça soit regardable à la TV). Ca reste spectaculaire, c'est même supérieur à tout ce que nous a offert Marvel-Netflix mais ça fait trop pop-corn (la fin de l'épisode 6 en est le reflet le plus évident, Oh my God!). Cette enquête est même sans intérêt. Pourquoi? Parce que la plupart des protagonistes sont antipathiques, les "Math" en premier lieu et qu'on s'en fout d'enquêter sur la mort d'un type qui ne peut pas mourir grâce à la technologie et qui incarne en plus le plus gros connard de la série. Qui plus est, l'enquête n'échappe pas à tous les clichés du genre, toutes les cases à cocher l'ont été (prostituées, gangs, interrogatoire musclé, etc).
Et pitié, quand vous devez buter quelqu'un, ne racontez pas votre vie! C'est moi qui ai été torturé avec le dernier épisode!
Visuellement, on sent qu'il y a une volonté de faire des efforts. Esthétiquement, ça passe. Musicalement, c'est le néant absolu.
En résumé, pas d'idées nouvelles (et pourtant il y avait de quoi faire sur le thème, et même pondre une intrigue de ouf), intrigue brouillon, les thèmes intéressants ont été bypassés pour en faire une série tout public (fais péter ton abonnement Netflouze!), pas de suspens, personnages inintéressants et vides. Vraiment dommage. On préfère nous offrir une enquête sans intérêt que de faire de la vraie SF. Snif! Black Mirror faisait bien mieux dans le genre et en un seul épisode. Un beau gâchis en somme.
Mais le générique est beau.
Si saison 2 il y a, et je crois bien qu'elle est annoncée avec le Faucon (Anthony Mackie), elle ne passera pas par moi. Et c'est tant pis. Fermons la fenêtre et passons à autre chose.