A l'heure où Netflix nous pond une série par week end. Voici que ces derniers décident de s'attaquer à une thématique canon de la science-fiction. Il le fallait bien, après avoir (trop) donné dans le genre super-héro ou encore dans le fantastique, le polar et le dramatique, ce sont des thématiques tels que l'immortalité, l'importance de la chair et de l'âme face à la technologie qui sont ici abordés.
Inspirés du livre éponyme (que je n'ai pas lu, il faut le préciser), Altered Carbone nous raconte l'histoire de Takeshi Kovacs, un terroriste au passé compliqué qui meurt lorsque que l'insurrection des siens est réduite à néant par le pouvoir en place. C'est 250 ans plus tard qu'il est réincarné via une technologie de sauvegarde de la personnalité et des souvenirs. Mourir dans ce futur n'est plus une fin en soi, chaque humain possède un dispositif dans la nuque qui permet à la conscience de s'enregistrer et de survivre à la chair. Ainsi Kovacs est sortit de son état de stase et placé dans un nouveau corps par un nanti qui lui demande d'élucider son propre crime. Bancroft, homme puissant parmi tous, réfute les idées de la police, qui prétend que ce dernier s'est suicidé puis réincarné par faiblesse. Kovacs, avide de découvrir ce nouveau monde, finit par accepter le marché que lui propose Bancroft. Mais il ne se doute pas de l'engrenage dans lequel il met les pieds.
Qu'on se le dise directement, Altered Carbone est très référencé. Il est impossible de faire abstraction de l'évidente inspiration visuelle au Blade Runner de Rydley Scott. Ce monde devenu excentrique à l'extrême, avec ses bâtiments touchant les cieux et ses villes lumières à perte de vue. A l'évidence, impossible de ne pas voir également des thèmes classiques de la littératures SF revenir. Ici, les intelligences artificiels, les robots et les hommes se font faces dans un monde où la nature s'est faîtes presque réduire à néant par l'expansion de l'Homme et sa volonté de s'élever au rang de créateurs tout puissants.
Techniquement, Altered Carbone est une série très bien faite. On appréciera de voir des plans bien sentit alliés à une ambiance certes fortement inspirée mais respectée. Le casting, comme à l'habitude de Netflix, ne brille pas de grands noms mais fait largement l'affaire. Joel Kinnaman est étonnement parfaitement dans le ton, et campe le rôle d'un anti-héro convainquant et attachant. Martha Higareda quand à elle surjoue pas mal mais elle reste assez juste pour ne pas trop déborder dans la caricature. Seul petit bémol pour Renée Elise Goldsberry qui a le charisme d'une huître alors qu'elle campe un personnage censé être légendaire dans la mythologie de la série. La suite du casting, sans être éblouissant, tient plutôt bien la route et suffit à mener la barque pendant les 10 épisodes de 50 minutes chacun. Un format d'ailleurs peu digeste que Netflix semble un peu trop affectionner, mais ici, l'intrigue prenante nous fait passer ce défaut sans trop de problème.
Altered Carbone est une série violente, crue qui dépeint avec justesse le phénomène que tous les grands écrivains de science fiction ont pu traiter un jour. A savoir une humanité qui, pensant être à son apogée, ne voit pas qu'elle est en train de noyer son identité dans la décadence et la démesure. Bien moins alambiqué qu'un Blade Runner 2049 et plus brutale dans son traitement visuel, Altered Carbone réussit toute fois à faire passer un bon moment au fil des épisodes. Même si le mystère qui entoure l'enquête de Kovacs perd un peu de sa superbe une fois les révélations posées sur la table, l'ensemble de l'oeuvre reste un petit bijou de divertissement qui se paye le luxe de nous faire réfléchir à des sujets fondateurs de la SF.
Netflix signe donc ici une de ses plus belles réussites jusqu'à présent sans aucun doute.