Dans un futur pas si lointain fleurant bon le cyberpunk, l'humanité a trouvé un moyen technique de changer de corps comme de chemise.
Plus de 200 ans après sa mort, Takeshi Kovacs (Joel Kinnaman), dernier membre d’un groupe rebelle surentraîné, est réincarné à la demande de Laurens Bancroft (James Purefoy), un richissime diplomate dont il va devoir élucider la presque-mort, celui-ci ne devant sa survie qu’à la sauvegarde satellite de sa mémoire.
La promesse
Un polar techno-politique sur fond hybride de film noir et de SF débordant d’idées fascinantes où un ancien rebelle aux capacités surhumaines est soudainement ramené à la vie pour mener l’enquête façon Hard Boiled, tout ça avec la moitié de la ville qui veut sa peau sans qu’il ne sache trop pourquoi.
La réalité
Joel Kinnaman dont le personnage écrit avec le cul et secondé par une poignée de branquignoles sans intérêt se fait bolosser par sa petite soeur.
Pourquoi ça donne envie d’étrangler des chatons
Netflix avait toutes les cartes en main pour réaliser quelque chose de réellement mémorable et intelligent : un background (tiré du roman éponyme) passionnant et ouvrant la voie à pratiquement n’importe quoi en termes de scénario, une intrigue prenante, des personnages certes un peu classiques mais dans des situations vertigineuses, une distribution correcte (j’aime beaucoup Kinnaman pour ses rôles dans The Killing et Robocop) et une production solide.
Mais en lieu et place d’une véritable œuvre de SF, ou même d’un bon divertissement, on ne nous sert rien d'autre qu'un drame familial rempli de scènes larmoyantes et de mexican standoff IN-FI-NIES, le tout mâtiné d'un peu de violence gratos pas toujours bien assumée.
Pas d'énumération, le coeur n'y est pas, mais si il y a bien un défaut à retenir, c’est l’écriture des personnages : le héro manque de cohérence, ses acolytes sont 50% réussis (l’intelligence artificielle est super mais l’ex militaire n’a absolument aucun sens), ses intérêts amoureux sont des clichés finis (la flic énervée au grand cœur et la chef des rebelles maquillée au shotgun), ses antagonistes sont transparents (vous aurez oublié Bancroft avant même de l’avoir vu tenter de soulever un de ses sourcils botoxés, et vous arrêterez de vous préoccuper Reileen lors de sa 5ème tentative de traitrise).
Mention spéciale tout de même à la flic de service qui m'a presque fait rage quit dès le premier épisode : c’est comme si on avait pris Michelle Rodriguez, qu’on l’avait liftée vite fait, qu’on lui avait refilé le rôle le plus caricatural possible et des dialogues écrits par un schizophrène en transe (un coup elle est pleine de compassion, un autre elle se comporte comme une morue avec un type qui lui apporte un café). Je vous épargne les détails comme par exemple sa mère qui est juste n’importe quelle mère latino d’actionner américain, ou alors son collègue de toujours tellement beaucoup trop gentil que même dans une garderie il se serait fait égorger à la journée d'accueil.
À côté de tout cela il serait honteux de ne pas mentionner la production: la série offre des environnements souvent somptueux (même si ça manque de plans d’ensemble), une photographie mémorable et une bande originale marquante; le mélange des genres assez détonnant m’a par moment évoqué Cowboy Bebop. Quel dommage d’avoir ruiné tout cela avec des personnages et un scénario terminés à l’urine d’oursin…
Ca aurait probablement été plus intéressant si on avait confié le projet à, disons, Charlie Brooker par exemple. Ah c'est sûr que lui aurait probablement pu mieux exploiter les enjeux de cet univers de dingues.
Je suis très très triste.