American Crime Story traite de faits divers marquants de l’histoire moderne américaine.
Le premier opus suit OJ Simpson célèbre footballeur de la NFL, accusé au milieu des années 90 et qui aura été mis en lumière médiatique pour le meurtre de son épouse et son amant. La (dé)construction d'un procès perdu d’avance jouant sur sa complexité, croise les thèmes du racisme, du sexisme, de la violence, de la corruption et d’un système judiciaire bancal pour une photographie des USA qui encore aujourd’hui n’évolue pas. Et c’est là tout l’intérêt de ces nouvelles séries originales entre fiction et réalité sans être des documentaires, pour divertir avec du fonds.
Mais si une autre série American crime de John Ridley, https://www.senscritique.com/serie/American_Crime/11281007
n’avait pas été vue avant, nul doute que ma note aurait été plus élevée. Là où American crime cible avec sobriété et force les thèmes récurrents de l’histoire américaine, elle se sert également d’acteurs au naturel confondant, d’une narration sans défaut alliant la caractérisation aux enjeux, pour un état des lieux loin du spectacle ou de tout autre ingrédient poussif du divertissement.
OJ Simpson lui bien moins et se perd aussi dans des jeux excessifs et la mise en lumière des acteurs, plutôt que de leur performance.
Et c’est bien encore là que le bât blesse dans le second opus.
The Assassination of Gianni Versace, créée encore une fois par Ryan Murphy diffère totalement de la première saison. Ce n'est pas un défaut, puisqu'il s'agit de fait-divers et l'originalité de la création peut trouver matière à révéler les symptômes d'une époque, mais on peut s’interroger sur le titre car ici, il sera plutôt question de suivre Andrew Cunanan, le tueur en série et assassin de Versace en 1997, que de nous plonger dans le quotidien du célèbre couturier ou dans la paranoïa des débuts du Sida. Une population gay oubliée et refoulée, l’inégalité des chances et les contradictions sans cesse renouvelées des USA pour un pays fier de son image et de ses opportunités, ou encore l’incompétence des services de polices, seront démontrés bien trop légèrement.
Le plaisir de quelques décors stylisés, des scènes efficaces et extrêmement tendues, où la mise en scène joue de plans digne de films d’horreur qui viennent en contrepoint de la vie rêvée de Versace toute en lumière... mais un montage fait de flashback pas toujours heureux, casse le rythme et apporte trop de longueurs... Et de passer de Cunanan à Versace n’est pas franchement judicieux. On ne sait pas trop ce que l’on regarde. Les rôles de Versace et Donatella sont presque accessoires et c'est donc l’occasion d’assurer le show, où quelques scènes de créations viennent ponctuer la narration. Ricky martin, pour le drame de l’héritage et de la reconnaissance, ne fera que de faibles apparitions en homme esseulé et perdu et reste confiné au second rôle sans grande épaisseur.
Les dialogues et les confrontations entre protagonistes n'ont guère d'ampleur.
Tiré de l’ouvrage de Maureen Orth, Vulgar Favors, une pure fiction, on s’en doute, car peu de personnes vivantes pourraient vraiment décrire le personnage qu'était Cunanan et ce qu’il aurait en réalité vécut avec Versace.
Personnage narcissique, son obsession l’enfermera dans un cercle vicieux mû par son seul désir d’être adulé. Le parcours et la personnalité de Cunanan restent effrayants, la série pointe le cheminement d’un jeune homme à la vie fantasmée.
Voir évoluer ce jeune homme perturbé est le point de vue central de la série et vaut par le jeu de Darren Criss globalement réussi sachant passer d’une caractérisation à l’autre avec talent. Les caméras s’attachent à Cunanan entre le jeune homme délicat et cultivé, à celui à la colère capricieuse en passant par les tourments psychologiques.
Entre étude de mœurs, thriller noir, drame de la folie et touches d'humour sur le personnage de Cunanan, difficile d'adhérer à ce portrait, pour si peu d'enjeux…
L’épisode 8 restera le plus extra-ordinaire. et finement mené...On y découvre la subtilité de jeu de Jon Jon Briones et l’impact d’une folie parentale pour la suite à venir.
Les opus 3 et 4 sont à venir : Katrina en 2019 et l’affaire Clinton/Lewinski qui donne bien peu envie quant à elle.
saison 1 7.5
saison 2 5.5