American Horror Story par mirlitons
C'est toujours dur de critiquer une série, parce que la qualité des saisons peut fortement varier. C'est encore plus dur quand il s'agit d'une série en cours, parce qu'on parie sur un futur incertain. C'est encore, encore plus dur avec American Horror Story parce que chaque saison est une nouvelle série, ne gardant que le titre, le principe, probablement l'équipe technique, et quelques uns des acteurs (qui jouent cependant des rôles différents). Nouvelles locations spatiales et temporelles, nouveaux personnages, même éventuellement nouvelle réalité (tout est débattable), nouvelle histoire avec un début, un milieu et une fin. Je vais donc essayer du mieux que je peux de critiquer l'ambiance générale, puis les particularités de chacune des saisons (quitte à y revenir dans le futur) et je terminerai par une réflexions sur le monde d’aujourd’hui comme perçu au travers de l'oeil critique de Ryan Murphy et Brad Falchuk (pas vraiment, mais ma phrase semblait vide sans une conclusion. Vielles habitudes de dissertations, M. Vindelinckx serait fier de moi).
Allons-y.
Chaque saison d'American Horror Story nous transporte dans un lieu ou des événements plus ou moins supernaturels prennent place. Maison hantée, asile psychiatrique et assemblée de sorcière (traduction reverso pour coven. Ça sonne faux) pour le moment. Point commun : c'est creepy à souhait, soit glaçant, soit terrifiant, en tout cas, les lieux mettent mal à l'aise. Il y a une atmosphère de secret, de non-dit, accentuée par les faits qui y prennent ou y ont pris place. C'est vraiment cool.
Je suis pas une grande fan du gore, mais j'aime bien le suspense. Je n'y connais rien en films d'horreur, donc la plupart des références me passent au dessus de la tête. Cela ne m'a pas empêcher d'apprécier les frissons, de sursauter et m'exclamer "whhhhhhhhhhhhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaatttt????!!!!" (mentalement, en anglais, parce que je me la pète) lors des révélations chocs. Sérieux, c'est du bon.
Les scénarios sont soignés, et les éléments clés éparpillés pour qu'on se gratte la tête un moment, jusqu'à ce que tout se mette en place, sans que rien ne manque. C'est tellement bien ficelé que ça manquerait presque d'un grain de folie, d'un soupçon de mystère. Mais je suis mauvaise. Dans quelle autre série l'arrivée d'extra-terrestre semblerait complètement logique ? American Horror Story a quelque chose de spécial et d'attachant : ses personnages.
Je vais pas faire le tour sur tous, mais j'ai l'impression que la qualité de la saison est directement liée à la puissance des personnages. Murder House a Tate ; Asylum Soeur Judy et Kit ; et Coven, euh, Fiona ? Héros ou méchants, humains ou non, chaque personnage est plus complexe qu'il le semble au premier abord. Tordu mais attachant, pervers mais juste, psychopathe mais romantique : les gentils peuvent s'avérer être des méchants, ou les méchants des gentils. L'instabilité règne et la réalité est constamment remise en question. Avouez que ça claque.
Si le schéma se répète, chaque saison est cependant radicalement différente et peu être appréciée telle quelle. Je vous épargnerai des synopsis, c'est pour ça que Dieu a créé Wikipédia.
Dans Murder House (S1), la chronologie éclatée permet d'apprécier les révélations, et, si la famille principale (qui s'installe dans la maison hantée) est ennuyeuse à souhait, les personnages "secondaires" rattrapent bien le coup. La maison met définitivement mal à l'aise, certains moments sont glaçant, et les héros prennent toutes les mauvaises décisions qu'on voulait qu'ils prennent. En quelques mots : Rubber Man. C'est un 8.
Asylum (S2) prend donc place dans un asile psychiatrique, dans les années 60, ce qui, en soit, suffit à rendre les choses bizarres. Plus accomplie que la saison 1, Asylum explore de nombreuses pistes et s'en sort encore mieux. C'est glaçant, ça fait même parfois peur, et bordel de merde que ça a sa part de personnages tordus. Heureusement, pour faire face, on a le droit a de vrais héros héroïques mais humains. C'est touchant. J'ai envie de dire 9.
Coven (S3) m'a un peu déçue. Les lieux sont moins glauques, ce qui n'empêche pas la creepiness, mais retire une part de, vous savez, glauquicité. Le manoir, une "école de sorcières" est tellement blanc qu'on est rassuré quand le sang commence à couler. La saison se concentre plus sur la psychologie, et elle a le droit à une jolie fin toute nette. Je sais pas, c'est peut être trop frais, mais il m'a semblé que les personnages étaient moins forts, et du coup, moins dignes d'intérêt. Disons 6-7.
Tout ça fait un joli 8, que j'aimerais changer en 9 un de ces jours. J'aime l'esprit et l'idée de la série peut-être plus que sa réalisation. Le casting est toujours super, Evan Peters, Jessica Lange, Frances Conroy, Sarah Paulson. Yep, c'est les nanas qui mènent la danse. Les fins cependant, sont légèrement trop finie pour moi (pourtant je déteste être laissée en plan. Je crois que je suis juste difficile), un peu trop artificielles.
Mais j'aime quand même. J'aime le générique. J'aime les thèmes qui reviennent, le désir d'échapper à la mort, la recherche de la vérité, la cruauté de la nature humaine. J'aime voir les héros se battre contre ce qu'ils sont et enfin céder. J'aime voir la réalité se tordre au souhait des scénariste, j'aime être surprise mais jamais étonnée. J'aime l'ambiance, la musique et les acteurs. J'aime que ce soit si abouti. Et bordel, j'aime qu'il y ait que 13 épisodes à chaque saison et qu'on ait pas l'impression que la moitié d'entre eux ne sont là que pour remplir.