A la date du 06/12/2018, cette série animée recueille une moyenne de 5,3, ce que ma note de 2 étoiles ne va pas arranger. De son côté, la série Gamers! tient une moyenne de 6,1, mais je n'ai mis qu'une étoile à cette dernière série.
Pourquoi s'intéresser à cela ? En fait, Netome no yoge, avec le titre anglais "And you thought there is never a girl online ?", est un short novel de 2013 adapté en animé en 2016. Gamers! est un short novel de 2015 adapté en animé en 2017. Un projet a inspiré l'autre, et c'est Netome no yoge qui a l'antériorité d'un récit réunissant quelques lycéens dans un club de jeux vidéo parmi lesquels une fille a de l'attachement pour un garçon à travers ses pseudos de connexion. Nous pouvons jouer entre les deux séries à chercher qui correspond à qui. Dans Netome no yoge, le héros principal a commis le premier l'erreur d'attacher des sentiments à un être virtuel sous pseudo. Il a été éconduit et il a ensuite cru apprendre que la fille virtuelle était jouée par un homme, il apprendra plus tard qui était en réalité cette personne, et on basculera dans l'impertinence de très, très haut niveau.
C'est la femme professeur elle-même qui, démasquée, joue ensuite avec ses élèves. Un des gags en classe est d'ailleurs mal conçu. L'enseignante donne son nom de joueur au héros principal, en plein cours, alors qu'il est réputé otaku, ce qui fait rire les élèves, mais le danger n'était-il pas plutôt pour la prof elle-même ?
Notre héros a désormais mis de la distance avec le côté moe des jeux vidéo, c.-à-d. avec l'investissement affectif pour un personnage virtuel. En revanche, il aide souvent dans un jeu en ligne un autre personnage féminin qui dessert sa guilde par sa maladresse. Comme il est bienveillant, cela lui vaut d'être harcelé jusqu'à une demande en mariage dans l'espace virtuel du jeu, sauf qu'il finit par découvrir que les personnes de sa guilde sont des camarades de lycée : il y a une fille extrêmement riche mais sans ami car plus otaku que lui, une fille qui cache qu'elle est otaku et qui joue un rôle de garçon dans le jeu et enfin cette fille qui est amoureuse de lui dans le jeu, mais qui n'oppose pas ce jeu lui-même à la réalité. La fille la plus intéressante, c'est la blonde qui veut cacher qu'elle est otaku et qui se fait passer pour un garçon, qui s'exprime comme un dur, alors qu'elle est fragile, malheureusement elle va rester secondaire. La fille riche n'est pas très cohérente, elle mène tout le monde efficacement et elle n'a d'otaku que les données de l'intrigue : elle est tout le temps fourrée avec des joueurs et joue tout le temps, en dépensant des fortunes en premium, alors qu'elle joue dans le groupe le rôle d'une grande soeur, voire mère aux pensées mûres et réfléchies. Elle aurait pu être développée de manière intéressante, ses dépenses ne sont pas justifiables et ne sont pas en accord avec l'envie de gagner à un jeu, c'est le personnage le plus mal conçu. Quant à la fille amoureuse du héros, elle part sur de mauvaises bases : on voudrait que la fille qui joue le garçon Schwein l'éclipse, mais ça n'arrivera pas, et elle est un de ces nombreux produits déchets représentant la folle amoureuse dans l'animation japonaise avec des seins de grand-mère qui ne font fantasmer que les personnages de dessin animé. Des bouches en triangle apparaissent souvent dans la série pour exprimer le désir et elle fait justement partie des persos féminins de l'histoire souvent abîmés par ce dessin tordu de la bouche, dessin de la bouche repoussant, voire dérangeant. Pourtant, on finit par s'y faire, car elle est le moteur de la série. Elle a l'avantage des grands yeux bleus, un côté sans allure d'otaku, et surtout ce truc exagéré selon lequel elle ne fait pas la différence entre la réalité et le jeu finit par marcher. Le minimum est fait pour définir son origine d'otaku : elle n'a aucune confiance en elle, le jeu est un refuge contre une réalité où tout le monde la considère comme un boulet. Elle croit que Rusian est son mari dans la vie et, quand on la contredit, elle résiste bien. Le truc est gros, mais il est bien conduit, ça marche. Pire, même si le jeu est virtuel, elle est capable de cerner les sentiments de quelqu'un à sa manière de parler.
Il y a un épisode de piratage informatique du compte de Rusian, où une personne essaie de la séduire, elle va beaucoup trop vite pour identifier l'imposteur, alors que la scène aurait pu s'étendre de manière intéressante, mais on découvre qu'elle ne se trompe pas complètement, puisque le joueur qui est Rusian est effectivement amoureux d'elle depuis qu'il la connaît.
Le club de jeu a été créé pour guérir cette fille de son problème de confusion, et le héros principal en souffre également, puisqu'en voulant être son petit ami il affronte une difficulté importante : se croyant déjà son épouse, elle refuse de construire la relation à la base.
Malheureusement, sur le papier, ça rend bien, mais si les gags sont réussis, au plan du récit tout ça est traité de manière expéditive.
Enfin, si le thème principal de la série, c'est l'addiction aux jeux en ligne, le récit nous offre une immersion dans certaines parties en ligne avec des traitements sous forme de fiction des séances de chat des personnages et de certains de leurs combats. Je ne suis pas très fan de ce genre de transpositions, mais là la série évite de trop appuyer les écrans de jeu, on a du jeu qui devient du dessin animé à part entière avec toute la fantaisie qui va avec. Ce n'est pas du Sword Art Online. Tant mieux ! En même temps, la guilde est modeste et il faut avouer que leur côté équipe de bras cassés est attachant dans sa candeur, même si la série aurait pu épingler, au lieu de les valoriser au nom de l'amitié, les dépenses d'argent d'une joueuse en vue de la victoire.
Cette cheffe du club, pleine aux as, est à peine critiquée pour sa folie, puis après elle se justifie, et j'ai tiqué, car il y avait un profil de joueur de la guilde qui aurait dû réagir en entendant des trucs pareils.
Cette série a bien des défauts et se présente comme un produit commercial sans intérêt qui vise le public des jeux vidéo, mais aussi qui offre du fan service, du harem, du ecchi à un certain public adolescent. Le contenu est assez primaire : trois filles mettent de la crème solaire à un garçon qui ne sait plus où se mettre, etc., etc. Des conneries, quoi ! Il reste donc ce thème du "moe" qui est assez bien traité, il n'y a pas de message, mais un récit bien tourné autour de ce thème.
Enfin, il suffit de comparer avec Gamers! Dans cette dernière série, le "moe" n'est pas au centre de l'intrigue. Le héros principal découvre que la fille parfaite de l'école : la plus belle, la première en sport, la première dans les études, est une fan de jeux vidéo comme lui, sauf qu'elle a plus l'esprit de compétition, quand lui aime gagner mais se contente du plaisir du jeu.
Il ne comprend pas qu'elle est complètement amoureuse de lui, mais, suite à une nuit passée sur un jeu de drague, sa demande pour devenir un ami devient une demande pour sortir avec elle, ce qu'elle accepte directement, vu qu'elle est complètement amoureuse de lui. Mais combien j'aurais préféré la fille qui joue Schwein de Netome no yoge à cette fille dont on veut nous faire croire qu'elle mène une double vie d'enfant modèle et d'otaku, jusqu'à nous détailler une journée de 24 heures artificiellement.
Le héros principal est trop enfoncé dans les jeux, un autre garçon, ancien otaku qui a changé en arrivant au lycée, s'intéresse à lui et veut l'aider à se socialiser, et même carrément l'aider en amour. Enfin, le héros principal de Gamers! qui use de pseudos en ligne a des contacts avec un développeur de jeux vidéo et avec un joueur qui lui demande souvent de l'aide, tandis que, dans la vie de lycée, il fait la rencontre d'une élève qui a les mêmes passions que lui, sauf qu'elle a des conceptions différentes : elle préfère l'intelligence du gameplay et du développement du jeu à l'occidental, plutôt que le traitement moe des personnages à la japonaise, et elle trouve que l'investissement affectif moe dans la réalité virtuelle est complètement débile.
Evidemment, cette fille, on le devine d'emblée c'est la même qui avec des pseudos lui demande de l'aide ou lui dévoile ses créations. Elle déteste le héros principal et lui préfère son copain, jusqu'au jour où elle découvre la vérité, mais trop tard vu que le héros a déjà une petite amie.
Les données semblent différentes et le traitement plus mature. Mais, en réalité, Gamers! part dans tous les sens, ne développe pas du tout son récit malgré les apparences. Ce n'est qu'une suite de quiproquos et de triangles amoureux, avec des personnages soit qui ne sont pas des joueurs, soit qui sont très peu montrés dans leur passion pour le jeu. Le jeu n'est bientôt plus au centre de l'intérêt, il devient un prétexte accessoire pour justifier que les personnages se rencontrent régulièrement. Les transpositions sont du coup plus rares, et quand il y en a, on n'a pas une fiction, on a des imitations d'écrans de jeu, d'écrans de chat ou de smartphone, etc., etc. On n'a pas un récit sur la confusion entre le jeu et la réalité, mais directement des débats d'idées arrangés entre des personnages de fiction. Le thème du jeu est traité de manière forcée, avec une écriture simple, un renvoi mécanique à des échanges que nous connaissons tous, en soulignant un message de mise en garde qui pourtant n'importe pas au récit. Les personnages sont plus posés que dans Netome no yoge mais incohérents et artificiels, creux, on ne ressent aucun attachement pour eux, à part Chiaki qui est plus touchante que la folle amoureuse de la série dont elle s'inspire, mais son histoire est laissée en plan avec une fin ouverte très mitigée dans l'épisode 11, l'épisode 12 étant une sorte de spin-off complémentaire. Malgré un très grand travail d'expression comique sur les visages, malgré quelques belles images du ciel, malgré quelques idées comme le mouvement de recul façon caméra face à un personnage qui marche, etc., on peut apprécier toute la différence entre une série qui fait le job et qui est dans son délire Netome no yoge et une série qui ne sait pas vraiment ce qu'elle veut faire, Gamers.
Nota bene: j'ai fait en parallèle une critique de Gamers!