L'univers Star Wars est plein de surprises. L'univers étendu a depuis longtemps exploré des thématiques et des styles variés, depuis les plus ridicules aux plus aboutis et profonds. Au-delà de romans très réussis (Plagueis, Bloodline...), de jeux vidéo d'anthologie (KOTOR 1 et 2), Clone Wars, Rogue One, Solo illustraient assez bien ces intrusions hors du spectre classique. L'arrivée de Disney dans l'équation ne me semblait pas particulièrement inquiétante, puis il y a eu les errances scénaristiques de la dernière trilogie, la honte de Book of Boba Fett et de Kenobi...
Puis Andor est arrivé.
Jamais une série SW n'est allée aussi loin dans le naturalisme, le propos social et politique, la violence intime, la méticulosité, l'éclairage sur le niveau le plus gritty de cet univers. Toute en nuances de gris foncés, la superposition évidente avec notre monde est constante, poignante, surprenante. On est au ras du sol, dans la boue, dans les briques, dans les bureaux, dans la sueur et les larmes. C'est du Ken Loach galactique, doublé d'un world building conséquent, d'un attachement aux détails et d'un respect marqué pour tout ce qui a été produit jusqu'ici.
Ca se sent dans les dialogues saisissants, dans cette lenteur souvent décriée alors que l'évolution des personnages et de l'intrigue surpasse en 12 épisodes ce que des séries peinent à faire en 3 saisons. Ca se sent dans les visuels léchés et déprimants, ça se sent dans la cruauté, la violence ordinaire. Les stormtroopers ne font pas rire dans Andor...
C'est intelligent, émouvant et je me fous de savoir si "c'est pas du SW", car "il y a pas assez d'action ni de nouveaux aliens". Les dernières prod semblaient devoir absolument se construire autour de fan service, d'easter eggs et du sempiternel nouveau modèle de TIE. Là, c'est juste une excellente série qui, n'en déplaise aux chagrins, puise dans les bases fondamentales de l’œuvre : la rébellion des mondes opprimés contre un empire totalitaire.