Une série ratée avec des épisodes très réussis
Parachutés à Los Angeles, Cordelia et Angel montent une agence de détectives privés spécialisés dans le surnaturel. Le pitch de la série dérivée de Buffy contre les Vampires est plus que mince. L'idée était de montrer des situations un peu plus sombres et plus adultes. L'erreur aura été de concevoir une série sur un personnage fade. Tout au long de ses cinq saisons d'existence, la série pâtira grandement de ce choix fondateur.
Mais Angel n'est pas une mauvaise série. C'est juste une série ratée. L'idée originelle, pour ridicule qu'elle soit aurait pu fonctionner. Le problème réside cependant dans le fait que la structure choisie laisse une place trop grande aux épisodes sans grande continuité entre eux, une sorte de procedural surnaturel en somme. La majorité des épisodes sont donc oubliables. L'adjonction d'un méchant récurrent et insaisissable incarné par un cabinet d'avocat maléfique, Wolfram & Hart, est une bonne idée, exploitée de façon inégale au cours des saisons. La série se réinvente périodiquement, un peu comme Buffy le faisait. Là où cependant les évolutions de Buffy apparaissaient comme logiques et compréhensibles, Angel évolue sans que l'on sente un fil directeur.
Les auteurs de la série cherchent le ton adéquat: ils tuent un personnage principal dans le 9e épisode, puis réintroduisent Wesley dans le suivant. Ils changent de décor dans la saison 2. Des personnages apparaissent, témoignant une volonté d'asseoir la série, sans que rien ne marche. L'intrigue est même déplacée dans une dimension parallèle, sans que la sauce ne prenne vraiment. C'est avec le personnage de Fred que la série trouve enfin un rythme. L'équipe des personnages principaux est alors enfin équilibrée et Joss Whedon peut commencer son jeu de massacre. La série s'élève alors, les intrigues fleurissent et culminent avec le retour de Darla et de Drusilla, la grossesse et finissent en apothéose avec l'épisode "Lullaby" où Angel devient père. L'introduction d'un bébé dans la dynamique de la série est intéressante et plaisante, et l'on se dit que peut être la série a cessé ses errements. Ce serait se tromper, puisque la fin de la saison 3 est un véritable gâchis. La saison 4 reprend alors, doucement le fil et copie sa série mère en proposant à son tour un "Big Bad". Grâce à cette force motrice, la saison 4 est plus enjouée et mieux écrite et sa conclusion vraiment intéressante. La saison 5 flirte avec le génie lorsqu'Angel accepte la proposition des Senior Partner de Wolfram & Hart et prend le contrôle de la branche de Los Angeles. Les épisodes excellents se succèdent et on a droit alors à mon sens aux meilleurs épisodes de toute la série: You're Welcome, Smile Time, A Hole in the World. Et puis on a appris que la série allait être annulée. Et on sent que par dépit, le créateur de la série a voulu détruire son œuvre. La fin est un immense caffouillage amer, un sacrifice systématique des bonnes idées... d'ailleurs, peut-on vraiment parler de fin?
La suite en bande dessinée parue bien après laisse penser que non, la série avait encore des histoires à raconter.
Que dire? Si vous avez aimé Buffy, vous trouverez des qualités à Angel. Cela étant, cette série montre que faire des spin-offs, ce n'est pas qu'une question de talent et de moyens. Il faut surtout une bonne idée.