Bittersweet

Puisque me voilà à la fin d'un deuxième visionnage, profitons-en pour faire part de mes pensées sur Angel Beats.

Premièrement, j'ai regardé cet anime avant Clannad et autres bambins de Maeda, la plupart des éléments ont donc été des nouveautés pour moi alors que l'on peut retrouver pas mal des différentes recettes de chez Key. Peu importe, Angel Beats reste pour moi une oeuvre belle et originale.

Je ferai l'impasse sur un résumé rapide de l'anime. Disons simplement que l'on se retrouve avec un protagoniste livré dans un purgatoire où une bande d'adolescents jouent aux voyous parce qu'ils n'ont pas accepté le déroulement de leur vie terrestre. Inutile de développer davantage, Angel Beats est assez bref(13 épisodes) et immersif pour vous conseiller simplement d'y plonger si vous voulez en savoir plus concernant l'histoire.

En effet, la première impression lorsque l'on regarde l'anime, c'est... eh bien en fait on a pas le temps d'y réfléchir à nos premières impressions car le premier épisode nous entraîne extrêmement rapidement dans une tornade d'événements. Le format très court de l'anime permet d'ailleurs de soutenir un rythme déjanté, surtout les trois premiers épisodes.

Pour continuer sur ce premier épisode, non content de poser les bases dès sa première moitié, se paie le luxe d'enchaîner sur une opération et un concert en prime: la réalisation ne chôme pas.

Il n'y a pas que le rythme qui part dans tous les sens, les thèmes abordés sont également touchés par le déboussolement: humour, violence, tristesse avec un soupçon de romance, la particularité réside surtout que tous ces ingrédients s'entremêlent ensemble dans un cocktail qui marche, ou en tout cas a marché pour ma part comme au niveau de l'humour où je me suis régalé. Bref, ça se disperse dans de nombreuses directions mais ne perd pas le nord, offrant toujours un très bon travail.

Un très bel exemple pour illustrer ça sont les concerts présents dans l'anime: leur nombre effraie presque et c'est avec humour que l'on pouvait dire à K-ON de se rhabiller car si les Girls Dead Monster arrêtent de se produire avant la moitié de l'histoire, le nombre de leurs chansons restent bluffants et elles n'étaient à bout de souffle pour autant; leur gratte se retrouve dans d'autres musiques disponibles hors-anime. L'animation est tout aussi bien travaillé, et pourtant la musique, si c'est un point fort de l'anime, ne reste qu'un des axe sur lequel repose celui-ci.

(ps: j'aime K-ON bien sûr, inutile de hurler)

Pour continuer sur la musique, l'anime possède également une ost assez cool, en tout cas originale, voire dans un style minimaliste: des morceaux comme decisive battle, kanade, my heart, ou ennemy country et firing preperation illustrent à la fois le talent de Anant-Garde Eyes, à qui l'on doit la majorité des morceaux, et de Jun Maeda.

Concernant les graphismes, Angel Beats a la facture d'un anime soigné et certains passages m'ont plus fait penser à la qualité d'un film que de l'anime lambda, lors des concerts, des fusillades notamment. Mais dans l'ensemble il rentre dans la lignée des beaux anime, sans plus. Si l'on devait conclure, il ne fait aucun doute que le studio avait les fonds pour développer cet anime en tout cas.

Les personnages possèdent leur charisme, et dépassent même les attentes. Peut-être pas au niveau des personnages principaux: Yurippe, Kanade et Otonashi, mais bien les personnages secondaires. Bon je n'ai pas eu le même engouement que certains pour TK, mais de manière générale les membres de la SSS sont excellents: Iwasawa qui en un seul épisode a perduré le long de l'anime, 5-Dan, Christ, Hinata, et tous les autres.

Nous pouvons arriver à la critique qui revient le plus souvent: c'est trop court(ffs)! En effet, dans les faits beaucoup de personnages sont sous-exploités, et lorsque l'on y réfléchit, nous ne savons toujours pas lors du dernier générique comment Kanade ou même Yuri sont arrivés dans ce monde. Cependant, si cela peut être légitimement un reproche, ce n'est en aucun cas un défaut en soi; l'histoire n'est pas bâclée et pour l'avoir vu une deuxième fois, je n'ai pas eu l'impression de patauger pour arriver à la finale. Angel Beats s'offre d'ailleurs le loisir d'un dernier épisode entièrement consacré à la conclusion.

La ligne directrice est expliquée lors de la scène dites «de l'architecte» (joke inside), et offre une réponse, autant à la question des ombres que celle qui planait sur la conscience de Yuri jusque là. Cette scène là a vraiment été travaillée et je me demande si tout le public non-nippon aura compris toutes ses implications. Il faut dire que sa vitesse, son discours soutenu et les sous-titres ne rendent pas sa compréhension aisée. Je n'ai pas envie de spoiler, mais pour illustrer mes doutes tout en essayant d'être vague au possible, je me demande si la plupart du public aura compris le cas de conscience qu'a affronté Yuri, et pourquoi elle a refusé de ne pas prendre le contrôle des ordinateurs. Je conseille chaudement aux faibles d'esprit comme moi à ne pas hésiter à voir plusieurs fois cette scène en tout cas.

L'histoire d'Angel Beats n'est pas le meilleur point de l'anime, et le thème principal reste des plus banal: l'acceptation d'une vie, qui restera belle aussi misérable soit-elle. D'ailleurs à ce sujet, je dois avouer que j'ai été plus que sceptique envers un certain flashback, racontant le passé d'une pauvre fille dont l'épisode hurle tellement l'horreur que ça dépasse le croyable; sérieusement j'ai beau être un sale cynique à mes heures je n'ai pas pu me résoudre à y croire une seconde. Mauvais point. Heureusement tous ne sont pas comme ça, si je suis resté assez dubitatif envers l'histoire d'Hinata, restée trop vague pour être péremptoire cependant, les passés d'Iwasawa, d'Otonashi et de Yui m'ont véritablement touché, Key sait y faire avec ses histoires dramatiques et cela constitue pour le meilleur sa marque de fabrique.

Mais à côté du scénario, c'est l'ensemble de son approche qui sonne de beauté et nous donne envie de continuer à regarder. Un bittersweet typique qui s'illustre à de nombreuses reprises: nos rires prennent lors de leurs multiples décès et à travers leurs malheurs, nous en arrivons à avoir chaud au coeur lorsqu'ils disparaissent et nous ne voyons plus la mort du même oeil. Nos pleurs perlent finalement devant l'ending qui suggère Otonashi acceptant sa fin après une ultime souffrance. Il nous délivre ainsi l'ultime message: aussi terrible soit la douleur, elle ne doit pas obscurcir les joies que nous avons pu tenir entre nos mains, un bonheur d'un instant qui nous comble et illumine notre dernier voyage.

Pour ceux qui aiment un anime court et d'excellente facture et pour ceux qui aiment ces histoires déchirantes mais tendres, je conseille cet anime qui vaut le détour.