Il y a des œuvres pour lesquelles 8 serait une note excellente, et d'autres pour lesquelles il s'agirait d'une gageure. En ce qui concerne Angel Beats !, on se rapproche plutôt d'un 8/12 que d'un 8/8.
Cette série regroupe à la fois tous les défauts et toutes les qualités de l'animation japonaise. L'histoire possède un potentiel de base exceptionnel, et offre une possibilité de traitement infinie des thèmes particulièrement intéressants qu'elle suggère. Pourquoi diable a-t-il fallu qu'elle s'encombre des recettes faciles et superficielles grand public, alors qu'elle propose des thématiques complexes et profondes ?
Pour être plus clair, la série reprend les grands classiques des poncifs du genre. Cadre scolaire, personnalités types, seconds couteaux faire-valoir, sur-kawaiisation. Je ne dis pas que ces caractères sont forcément des défauts, mais ils doivent être motivés. Or, alors qu'elle était toute destinée à un public averti, on a l'impression que le Studio Key n'a pas voulu prendre ce risque, et qu'il a préféré se raccrocher à quelques valeurs sûres.
Pourtant, ça fonctionne quand même. La patte Maeda ne se ressent pas seulement dans l'histoire, mais également dans son traitement. Pourquoi, avec un équilibre scénaristique précaire et un graphisme somme toute assez moyen, la série parvient-elle à nous émouvoir lorsqu'elle l'a décidé ? Parce que, à l'instar de Clannad After Story, la dimension dramatique est parfaitement bien rendue par l'animation.
Mais ce n'est pas parce que ça fonctionne déjà qu'il faut s'en satisfaire. Le scénario ouvrait tellement d'opportunités qu'au final, très peu ont été exploitées et Maeda s'est un peu perdu au milieu. Le thème de l'après-vie aurait dû être le moyen de justifier l'histoire post-mortem. Le lien aurait dû être plus efficace entre l'histoire des personnages, leurs spécificités, leurs liens et leurs aventures. Puisque leur présence se base sur les inachevés de leur vie réelle, cette piste aurait dû être creusée davantage, et on aurait été en mesure de s'attacher encore mieux aux personnages. Au lieu de cela, les liens tissés sont vraiment précaires, parfois même incohérents. Les programmes informatiques se font et se défont un peu comme ça arrange l'histoire, sans être motivés. La guilde et la création ex-nihilo, c'est une excuse trop facile. Kanade n'aurait jamais dû pouvoir précéder Otonashi dans le monde post-mortem. Certains personnages sont excellents, comme celui de Masami mais la majorité n'est qu'un prétexte à remplir le v... Le déjà trop plein.
Maeda avait fait le plus dur, mais il ne s'est finalement pas montré à la hauteur de son génie. C'est de là que vient le sentiment doux-amer qui nous reste après le dernier épisode. 8 sur 12, à la fin, est-ce une bonne ou une mauvaise note...