Angela Anaconda
4.1
Angela Anaconda

Dessin animé (cartoons) Teletoon+ (1999)

Quand le collage vidéo donne le vertige et que l'enfance devient un cauchemar stylisé

Angela Anaconda, diffusée sur Teletoon+ en 1999, est une série qui, visuellement, sort des sentiers battus pour s’aventurer sur le terrain des visages découpés et des mouvements saccadés. Avec son style d’animation unique – ou perturbant, selon le point de vue – cette série suit les mésaventures d’Angela, une jeune fille à l’imagination débordante et un peu revancharde, qui transforme chaque jour d’école en un petit drame personnel.


Le premier choc en découvrant Angela Anaconda, c’est son look si particulier. Imaginez des visages photographiés collés sur des corps de personnages dessinés, le tout en noir et blanc, contrastant avec des décors colorés. L’effet ? Une immersion dans une sorte de rêve étrange, ou de cauchemar visuel, qui donne aux personnages des airs de marionnettes articulées façon "vieux journal découpé". C’est un style audacieux, certes, mais qui donne aussi l’impression de regarder des découpages animés par un sorcier un peu farfelu.


Angela, notre héroïne, est loin d’être la petite fille modèle. Elle a ses ennemis jurés, notamment Nanette Manoir, la fille snob et insupportable de la classe, et elle ne manque jamais de se venger à travers des rêveries où elle triomphe de manière exagérée et souvent absurde. Cette rivalité entre Angela et Nanette est au centre de chaque épisode et devient rapidement un leitmotiv de la série. Mais, au lieu de créer des moments d’empathie, Angela semble plus souvent amère, et son imagination punitive laisse parfois un goût bizarre. Au lieu de faire rire, ces moments de vengeance fantasmée prennent un tour répétitif et quelque peu malsain.


Le scénario de chaque épisode suit une formule simple : Angela vit une petite humiliation, rêve de revanche, et s’imagine dans une scène où elle humilie ses ennemis de manière presque comique, mais parfois légèrement cruelle. Le problème, c’est que cette boucle devient vite lassante, et le manque de véritable développement des personnages finit par donner l’impression d’assister à une suite sans fin de querelles scolaires. Les personnages secondaires, tels que les amis d’Angela, Gina Lash et Johnny Abatti, sont surtout là pour réagir aux mésaventures de l’héroïne, mais leurs personnalités stéréotypées et figées ne font qu’ajouter au sentiment de répétition.


Au-delà de l’humour parfois grinçant, la série tente de se donner un ton de comédie enfantine, mais le mélange entre l’esthétique étrange et les vengeances imaginaires donne une ambiance presque déstabilisante. Le style de narration d’Angela, avec sa voix aiguë et ses expressions un peu grinçantes, renforce cette impression de regarder quelque chose de plus cynique que drôle, ce qui peut rendre la série aussi fascinante qu’irritante. En voulant offrir une série sur l’enfance avec un point de vue unique, Angela Anaconda crée un univers à la fois fascinant et difficile d’accès.


En résumé, Angela Anaconda est une expérience télévisuelle comme on n’en voit pas souvent, mais qui ne plaira sans doute pas à tout le monde. Si vous aimez les univers visuels étranges et l’humour acerbe, c’est une curiosité qui peut captiver pour un temps. Mais pour ceux qui préfèrent une animation plus classique et des personnages un peu plus attachants, Angela et ses découpages risquent de donner mal à la tête et de rester incompris.

CinephageAiguise
4

Créée

le 12 nov. 2024

Critique lue 34 fois

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