Antidisturbios est ma plus grosse surprise série de l'année. C'était non seulement ma première série espagnole, mais aussi une énorme claque à tous les niveaux : de la réalisation au casting, en passant par la finesse de l'écriture, le rythme ciselé, mais aussi des thèmes polarisant abordés avec intelligence.
Une série qui parle de violences policières et n'a pas peur de mettre les pieds dans le plat, on s'attend à ce qu'elle ait un angle, un agenda politique qu'elle va bien nous marteler, voir nous tartiner au visage. Alors quand on me sert un script mesuré, tout en nuances de gris, qui ne cherche à faire ni le procès ni l'apologie des personnages et des institutions qu'il met en scène, j'applaudis.
Cette démarche est portée par une galerie de personnages crédibles et humains, avec leurs passions, leurs apathies, leur noirceur et leur beauté cassée. On se surprend à comprendre certains raccourcis, de bonnes intentions abimées par des années de politique et de compromis. On passe à peu près autant de temps avec les CRS qu'avec les enquêteurs qui veulent leur faire rendre le badge, et ces deux aspects de la même machine corrompue sont fascinants à suivre.
Ces portraits sont élevés par une brochette d'acteurs, tous aussi convaincants, qui participent à donner à l'oeuvre une approche naturaliste qui avait le succès de The Wire ou We Own this City, et des dialogues qui sonnent juste, là où on aurait pu tomber dans le verbeux ou le démonstratif. Beaucoup passe par les regards ou ce qu'on lit entre les lignes, à l'image de la conclusion qui ne vous prémâchera aucune morale, mais vous laissera juger par vous-même. C'est assez rare pour être salué.