Oui, c'est beau
Claque visuelle, j'admire et j'apprécie le superbe boulot de storyboarding et de direction artistique. Les personnages sont tous magnifiques, les environnements sont beaux et les plans...
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le 30 nov. 2021
93 j'aime
Difficile d’imaginer un projet aussi ambitieux qu’Arcane avant son arrivée. À partir de l’univers d’un jeu vidéo (le célèbre League of Legends), Riot Games et Fortiche ont livré non seulement une première saison électrisante, mais une suite qui, malgré quelques réserves, maintient la série parmi les meilleures productions animées de ces dernières années.
Si la saison 1 avait ébloui par sa maîtrise narrative et visuelle, elle se démarquait surtout par son approche intimiste. Le scénario aligne quelques évidences, clichés et incohérences mais l'univers développé est plaisant, le nombre de personnages et leur caractères sont riches et bien définis et l'ensemble se tient bien. La série est à la fois très accessible pour les gens qui ne connaissent pas l'univers tout en fournissant suffisamment de détails et développement pour ceux qui en sont familiers. À travers la lutte des classes entre Piltover et Zaun, nous suivions les trajectoires de deux duos clés : Jayce et Viktor d’un côté, Vi et Jinx de l’autre. Ces arcs, portés par un traitement psychologique d’une rare justesse, trouvaient leur apogée dans une représentation glaçante de la folie de Jinx. Une jeune femme broyée par les traumatismes, mais aussi façonnée par l’amour toxique de Silco, son mentor ambigu. Cette saison s’achevait sur une note haletante.
Avec la saison 2, Arcane élargit son champ d’action, et c’est à la fois sa force et sa faiblesse. Le conflit entre Piltover et Zaun, moteur émotionnel du récit, cède partiellement la place à des intrigues plus géopolitiques : l’arrivée de Noxus, incarnée par Ambessa et la Rose Noire, ouvre une dimension plus large, mais moins intime. Cette dilatation de l’univers a un double tranchant. D’un côté, elle offre un souffle épique et renforce l’ambition du projet. De l’autre, elle dilue les thématiques sociales initiales, pourtant si puissantes, et donne moins de temps de répit pour l’introspection de ses personnages. Par ailleurs, l’introduction de nouveaux personnages semble parfois dictée par des impératifs commerciaux (attirer les fans du jeu ou teaser d’autres contenus).
Malgré cela, la série continue son travail minutieux d’écriture. Vi, rongée par la culpabilité et le désespoir, s’enferme dans un nihilisme inquiétant. À l’opposé, Caitlyn transforme sa douleur en un autoritarisme glacial. Mais c’est surtout Jinx qui brille à nouveau. La série explore sa quête de rédemption de manière crédible : après avoir été façonnée par Silco en arme de destruction, elle commence à comprendre qu’elle peut être autre chose, grâce à Isha, Ekko, et enfin Vi. L'épisode 7, avec sa séquence "et si ?" sublimée par Stromae, est peut-être le moment le plus marquant : un exercice de style visuellement sublime et narrativement déchirant.
Techniquement, Arcane va devenir une référence, au même titre que les derniers Spiderman. Arcane investi les codes déjà établis du steampunk. Le studio Fortiche développe un univers visuel très proche des concept-arts des jeux vidéo, foisonnant de détails mais restant d'une très grande lisibilité avec des atmosphère colorées très travaillées et une bonne clarté des mouvements de caméras. Je retiens vraiment en particulier le brillant mélange entre rendus 2D et 3D. La saison 2 ose encore davantage : aquarelle, animations stylisées à 4 images par seconde (notamment dans l’épisode 7, autour d'Ekko), tout est pensé pour allier émotion et esthétique. La bande originale, elle aussi, évolue. Moins explosive que celle de la première saison, elle joue sur des teintes plus sombres, marquant un virage crépusculaire.
En bilan, Arcane reste pour moi une claque absolue. Même si son cadre élargi fait parfois perdre un peu de l’intimité qui faisait la force de la saison 1, la série conserve un équilibre rare entre profondeur narrative et accessibilité. Une œuvre pensée comme un tout, qui montre qu’animation et maturité ne sont pas incompatibles.
(mise à jour après le visionnage de la saison 2)
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2021
Créée
le 12 déc. 2021
Modifiée
le 1 déc. 2024
Critique lue 134 fois
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