Restaurateur de vieilles bobines dans un musée, Dan est engagé par le mystérieux PDG d'une mystérieuse compagnie. Sa mission ? Au sein d'un mystérieux complexe isolé, rendre lisibles les mystérieuses vidéos de Melody, une étudiante disparue mystérieusement en 1994 dans l'incendie d'un immeuble new-yorkais. Durant son séjour en ermite dans ce lieu rempli de pièces mystérieuses, Dan découvre que l'enquête menée par Melody avait pour but, non seulement de retrouver sa mère, mais aussi de percer à jour les mystères de cet immeuble et de ses occupants tous plus mystér...étranges les uns que les autres...
Vous l'aurez compris : dans le genre série qui ne cesse de vous envelopper dans son aura de mystère pour ne plus vous lâcher (à l'instar de son héros) "Archive 81" ferait presque figure de petit modèle du genre ! La série a beau puiser en permanence dans un lot impressionnant d'éléments fantastiques pourtant bien connus, elle les utilise ici dans une toile tissée de manière à rester en permanence intrigante, réactualisant des décennies d'appropriation de ceux-ci par l'historique de différents médias et ceci en remontant très loin (l'idée des intros rétros de chaque épisode est formidable) pour les mixer dans une atmosphère qui ne peut que happer dans les pistes toujours plus alléchantes qu'elle laisse augurer et savamment laissées ouvertes d'épisode en épisode, de cassettes en cassettes visionnées par Dan, de plus en plus proche -et même littéralement- de Melody, dans une communion défiant la notion de temps d'êtres fracassés face à la notion de famille.
Et, dans le fond, peu importe qu'il n'y ait pas grand chose d'autres comme thématiques au-delà de la douleur de ces deux êtres, tant pis si certaines réactions ont parfois quelque chose d'aberrant ou même si des seconds rôles se résument à des outils scénaristiques risibles (le meilleur ami de Dan est obligé de rappeler souvent qu'il a une activité propre au-delà sa complète dévotion existentielle envers lui et, Annabelle, celle de Melody, n'est pas mieux lotie, sa présence supposée à un dîner primordial de la série est carrément zappée par celle qui est censée être sa BFF avant, heureusement, qu'elle s'intéresse à elle dans l'adversité), "Archive 81" fait un superbe travail pour nous faire oublier tout ça et nous embarque sans mal dans son agglomérat de mystères qui ne semble ne vouloir jamais s'arrêter dans sa construction travaillée et réellement addictive...
Seulement, quand la série se met à se défaillir sur ses principales qualités, ses défauts prennent complètement le devant de la scène. On le ressent un peu durant l'avant-dernier épisode qui se sent obligé d'épouser l'angle explicatif sur le passé institué par certaines Rolls Royce du même type (au hasard, "Bly Manor" ou "Them") mais le ratage complet du dernier est hélas dévastateur.
Incapable de terminer définitivement la partie avec talent en tirant partie de ses atouts installés (et on était pourtant prêt à pardonner la faiblesse visible du budget vis-à-vis de représentations inévitables), la série préfère le choix horriblement facile de relancer les dés en vue d'une saison 2, brisant même des règles fondamentales établies (le rituel tant installé et attendu ne rime plus rien en gros), ridiculisant la supposée force de son entité surnaturelle qui nous avait tant séduite par le cérémonial dans son sillage (les "bouh" de sa présence pas vraiment dingue et au final... grotesque ?), préférant éluder le sort de certains persos en cours de route et, surtout, livrant un épilogue digne de la pire des séries mainstream à rallonge où la pauvreté des événements à venir est mise en exergue... "Archive 81" se sera terminé sur la pire note qu'elle pouvait laisser alors qu'elle avait tout pour le contraire. Bon sang, quel dommage ! Le plaisir à suivre la série aura été aussi intense que le goût amer laissé par sa pénible "conclusion".