On choisit (rarement) sa famille.
Malgré son statut culte, la série "Arrested development", créée par Michael Hurwitz, se verra annulée en 2006 au bout de trois saisons, la Fox ne jugeant pas les audiences satisfaisantes. Après qu'un film ait été envisagé pendant un moment, et suite au rachat de la série par le réseau Netflix, une quatrième saison sera mise en chantier en 2013, avant une éventuelle cinquième saison prévue... un jour.
Narrée par Ron Howard, également producteur de la série, "Arrested development" conte les déboires des membres d'une famille qui a tout perdu, et qui fera tout pour récupérer ce qui lui est le plus cher... son statut social et tous les privilèges qui vont avec. Une sacrée bande d'enfoirés cupides, si l'on excepte le fils naïf campé par Jason Bateman, et le petit-fils joué par un Michael Cera tout juste pubère, détestables sur le papier mais qui parviennent par miracle à nous être attachant.
Chaque téléspectateur aura forcément sa préférence (la mienne allant à cet extra-terrestre de Buster), mais Hurwitz et ses scénaristes trouvent un certain équilibre, chaque protagonistes trouvant matière à s'épanouir pleinement dans sa connerie. A cette joyeuse bande parfaitement interprétée s'ajoute une poignée de seconds rôles délicieusement déjantés, dont on retiendra surtout Henry Winkler en avocat à la masse, Ben Stiller en magicien gay friendly et une Charlize Theron étonnante en total contre-emploi.
Frénétique et jonglant avec les sous-intrigues comme le ferait un artiste de foire avec des sabres en feu, "Arrested development" conserve une cohérence de chaque instant, ne faiblit quasiment jamais, du moins jusqu'à sa quatrième saison tardive, clairement de trop et mal torchée, du moins à mon humble avis.
Attendue depuis longtemps, cette saison part avec un sérieux handicap, à savoir la disponibilité très relative du casting principal, la famille n'apparaissant jamais dans son ensemble au cours d'un même plan. Chaque épisode de la quatrième saison s'attarde dont sur un protagoniste particulier, revenant sans cesse en arrière pour s'attarder sur un autre membre de la fratrie.
Alors que les trois premières saisons restaient plus ou moins limpides malgré la multiplicité des intrigues, le spectateur se retrouve ici face à un sacré bordel, peinant à raccrocher les wagons ensemble pour venir à bout d'un récit qui n'a finalement pas grand chose à raconter. On regrettera également la décision casse-gueule de rattacher ces derniers épisodes à la précédente alors que sept années se sont tout de même écoulées. Certains comédiens ayant prit un sacré coup de vieux (pauvre Portia de Rossi) ou tout simplement grandis (Michael Cera et Alia Shawkat ne sont clairement plus des ados), les raccords font un peu tâche.
Malgré une dernière saison peinant à retrouver la force des précédentes, "Arrested development" est une série attachante et joyeusement frappadingue, innovante dans son traitement et devant beaucoup à sa galerie de personnages tous plus tordus les uns que les autres.