Tsuki ga Kirei est un anime de romance somme toute assez classique, parmi ceux qui nous transportent dans une fable contemporaine en nous enlaçant dans leur chaleur mielleuse. Si la plupart de ces animes verse toujours, au moins en partie, dans la comédie ou dans la fantaisie, Tsuki ga Kirei y prend le contrepied en proposant un scénario des plus réalistes jusque dans le rythme qu'il impose au spectateur : d'une étonnante lenteur, avec le souci du détail dans les gestes parasites, les regards, les propos. A travers les personnages d'Akane et de Koutaro, c'est tout le paysage des premiers amours qui est dressé, avec son lot de passions, d'imprévus, de gêne, de tendresse, de troubles. Si la simplicité de la trame pourrait être sujette à critique, dans les faits, il n'en est rien : en permettant au spectateur de plonger dans les tréfonds de cet univers onirique, lui permettant au passage de s'évader tendrement dans ses souvenirs, elle constitue la quintessence même de l’œuvre.
Mais cette évasion a un coût, qui n'est d'ailleurs pas des moindres. La vérité est que Tsuki ga Kirei nous transporte autant qu'il nous dégoûte. La constitution d'un premier amour, idyllique, est je pense l'une des plus belles choses du monde. Le voir dans un divertissement, beaucoup moins. La raison? Une fois cette expérience de l'amour accomplie, une inexplicable rancœur envers tant de mièvrerie ne fait que ressurgir à postériori. Je déteste Tsuki ga Kirei, parce-que ce qu'il évoque ne peut être que passager. Si vous ne le saviez pas, je vous le dis : l'amour, ce n'est pas rencontrer quelqu'un, s'y intéresser au point d'en tomber amoureux(se), faire face aux difficultés de la vie pour finir main dans la main, se marier, avoir des gosses et vivre heureux. Non. L'amour, c'est aussi se prendre des râteaux, perdre parfois tout ce qu'on croyait acquis - la confiance, la complicité - c'est chialer comme une pédale quand ça ne va pas, quand ça ne va plus, quand ça s'arrête parce-que que ça s'arrête forcément un jour et qu'à ce moment-là, on se dit qu'on aurait mieux fait de sortir avec l'amitié qui est bien plus fidèle. L'amour est un faussaire : sur le papier tout est bien, jusqu'à ce qu'on lise les petits caractères. D'ailleurs, l'amour sort rarement de pair avec le sexe, l'Homme (avec un grand H) du XXIe siècle ayant compris que le second n'est pas l'instrument du premier.
Je déteste Tsuki ga Kirei parce-qu'il est comme l' alcool : ami du soir, ennemi du lendemain. Mais bordel, ça fait aussi du bien de replonger en enfance.