As the Moon, So Beautiful
7.1
As the Moon, So Beautiful

Anime (mangas) Tokyo MX (2017)

Voir la série

Diantre, me voilà pris la main dans le sac. Ce sac que j’ai cru ne plus jamais revoir est réapparu. Tout en étant allongé en position latérale sur mon lit, l’inattendu s’est produit. J’ai retrouvé quelque chose d’enfoui en moi. Cupidon n’a jamais osé tirer sa flèche sur le pragmatique de service. Et pragmatique rime avec statique. Mais l’ennuyeux, le froid, cette autruche de Mottainai a été touché en plein cœur ce soir-là. Après avoir visionné ce douzième épisode, je suis heureux d’avoir pu à nouveau ressentir ce « quelque chose » que seul le genre de la romance peut offrir.


L’empathie. Cela va plus loin même. La Lune est Belle, un titre qui sonne comme un téléfilm du dimanche après la messe. Oui, évidemment qu’elle est belle. Personne ne pensera jamais le contraire. « Tsuki » est plus qu’un point scintillant sur fond noir. C’est un astre fidèle à la Terre, qui n’arrêtera jamais de tourner autour. Voilà une bien belle illustration de ce qu’est l’amour. Une révolution. Maintenant, supprimons la première consonne du mot japonais. « Suki » est ce sentiment retrouvé après mon retour à la réalité. Certains se souviendront de ce drôle de moment dans Koe no Katachi, où la sourde héroïne a osé utiliser sa voix pour dire « je t’aime » à celui qui se tenait à côté d’elle. Par malheur, sa gorge ne le lui a pas permis. Son handicap transforma le mot « Suki » en « Tsuki ». Maintenant, je serai partisant de la lune en tant que symbole de l’amour. Les roses ? J’en fais mon thé avant de dormir. (Par contre, ne me sortez pas le coup de la Lune de Majora’s Mask. Je vous ai vu venir.)


Je l’avoue, j’ai hésité à titrer ce texte « 5 regards par secondes ». C’est ça, le Makoto Shinkai qui a posé les fondations de mon moi qui apprécie les romances. Cinq Centimètres par Secondes a été, pour Shinkai comme pour moi, un élan pour mieux comprendre ce qu’est l’amour dans l’art. Apparemment, lui le cherche toujours. Aujourd’hui à son cinquième film, sa fascination pour le beau et chaleureux sentiment a payé. Cela veut dire que l’amour peut être raconté de mille manières différentes. Et à mon avis, il ne s’arrêtera pas là. Moi non plus. Je veux en savoir plus. La palpitation d’un thriller fait souvent pâle figure face aux instants T d’une romance. Mais comme toute chose en ce monde, s’il y a A, il y a B. Beaucoup de personnes y seront insensibles à ce genre de récit. Divisez la note par deux ou par quatre pour les âmes imperméables à la romance. Ce n’est pas grave, c’est tout à fait comme le jeu de l’amour. Même l’improbable pragmatique que je suis peut tomber amoureux d’une niaiserie trop fleur bleue. Mais ce n’est pas du tout Tsuki ga Kirei. Si j’ai mentionné Shinkai et son troisième film, c’est pour sa narration vitrée qui brise les clichés et qui donne sur une histoire extrêmement réaliste.


La testostérone ? C’est quoi ? Il n’y en a pas ici. Quoique, elle sait se manifester chez le héros par ci par là… Dans un lointain pays, dans une modeste ville, dans un lycée et dans son préau, un garçon et fille. Oui, c’est bien la recette d’un anime. Mais ne vous arrêtez pas là. Le 1er avril n’est pas une blague au Japon. Oh non, cette date est sainte. En pleine floraison des cerisiers, c’est la rentré qui guette. C’est le jour du retour à l’école. Pour certains d’entre nous, un véritable poisson d’avril raté, une plaisanterie qui ne fait pas rire. C’est chiant et prometteur à la fois.


Alors, il y a le garçon. Koutaro, un peu distancié et aspirant écrivain. Il aime les livres mais attention ! Il ne fera jamais le coup « d’aider une fille à la bibliothèque car elle est trop petite pour tirer son bouquin de l’étagère ». J’ai fait grincer des dents ? La chance : l’anime nous épargne ce classique plus que ridicule. Que dis-je, ce meme. Je l’ai dit, Tsuki ga Kirei suis les pas de Cinq Centimètres par Secondes. Il est franc.


À sa droite, il y a la fille, Akane. Pas loin du caractère du héros, elle préfère utiliser ses jambes pour la course à pieds que Koutaro qui lui, ses mains pour ses récits. Son talent la propulse au sommet des coureuses les plus rapides du lycée. Elle bouge. Lui reste assis. Pourtant, ils ne sont pas si différents.


L’anime ne le montre pas de manière extravagante, ce coup de foudre entre eux. En fait non. C’est plutôt de l’intérêt et de la curiosité au départ. Le regard est plus parlant que la bouche, surtout lorsqu’il est obsédé par la personne aimée. Ici, pas de jeu stupide où la meilleure copine force les choses pour son amie. Pareil du côté des couilles. Koutaro est comme un livre ouvert pour ses potes, ils le taquinent et voilà tout. Mais à aucun moment, durant ces premiers épisodes, Koutaro ou Akane n’ont pensé à quoique ce soit de l’autre. « Oh, c’est ce garçon que j’ai vue près du tableau des classes ». Les pensées sont simples et neutres. Mais le corps réagit différemment. Progressivement. On sait que quelque chose se passe. Quand le contact arrive, l’une bégaye, l’autre se fait silencieux comme un mur. Mais voilà, école japonaise oblige, les fameux clubs et festivals vont venir pimenter la partie de « cache-cache m’aimes-tu ». La recette bien japonaise. Des clubs ? Un festival de sport ? Une sortie scolaire ? Pour un anime, c’est comme un kebab salade tomate oignon complet avec harissa.


Et du calme. Soyez patients. Non, ce n’est pas niais. Koutaro et Akane s’ouvriront très lentement. Cela vaudra le coup de voir le fruit mûrir. Sérieusement, j’ai été surpris. Le héros a beau se faire très petit face à l’héroïne, le salaud m’a fait ravaler ma salive à la fin du troisième épisode. C’est ce qui s’appelle poser ses couilles sur la table des héros lambdas qui attendant le dernier ending pour faire avancer les choses avec les filles. Et ouais. Ensuite, comme tout bon récit le veut, il faut mettre en place des obstacles.


Ils sont nombreux et terriblement réels. Je le sais si bien moi-même. Je ne pense pas qu’il s’agit de spoil. Pour atteindre l’amour, le chemin peut être court comme très long. C’est comme les nombreuses courses d’Akane, à l’issue variable. Ces pièges, nous les connaissons que trop bien.
Si A et B existent, C pourrait exister lui aussi. Le concept du triangle. Ici, il attaquera des deux côtés, garçon et fille. Et il est vraiment bien amené. J’ai été abasourdi par l’épisode 12. Vraiment. Il y a cette scène sur le pont, où l’élément C de l’équation donne tout ce qu’il a. Si à cet instant Koutaro avait agis ne serait-ce qu’un poil différemment, toute la suite de l’histoire aurait changée. Ainsi, quelque chose est arrivé malgré tout. Durant les derniers instants de la série, si Akane n’avait pas arrêté Koutaro sur les pierres de la rivière, tout aurait chamboulé à 180°. C’est saisissant et tellement vrai.


Dans l’œuvre de Shinkai, il reste un dernier rempart plus terrifiant encore. Le temps. Et qui dit temps dit espace. Si vous avez eu la chance de voir ce célèbre film, je n’ai pas besoin de m’expliquer. Cette étape a le pouvoir de détruire un couple très facilement. C’est pour cela que le dernier épisode, qui fait intervenir la troisième personne amoureuse en plus, est à la fois effrayant et spectaculaire. Il transpire le Shinkaïsme (©Mottainai). Je vous l’assure, s’il n’y avait pas ce défilé de scènes lors des crédits de fin, toute ma vision de l’anime aurait changée. Et j’aurai changé ma note en 10, tout en le prenant vraiment mal. Ces images tirées du light novel original illustrent le fin mot de l’histoire de Koutaro et de d’Akane. Enlevez ces superbes dessins et terminez l’anime sur la séquence finale. Tout est différent. Tout est en suspend même. Oui, il y a de l’espoir. Mais après ? C’est douze épisodes plus tard que l’homme a osé sortir la phrase la plus évidente de toutes, celle que l’on attendait tous. Elle est si importante. Elle est l’équivalent de la formule « The End » pour une romance qui se veut rose jusqu’au bout.


Oh oui ! Quel idiot je suis. J’espère que vous n’êtes pas allergique au CGI ? Aux plans réutilisés ? Pour cette fois seulement, fermez les yeux sur ce moindre détail et appréciez les petites nuances dans le comportement des héros. J’espère que l’anime saura toucher les plus durs d’entre vous.

Créée

le 5 avr. 2019

Critique lue 684 fois

2 j'aime

1 commentaire

Mottainai

Écrit par

Critique lue 684 fois

2
1

D'autres avis sur As the Moon, So Beautiful

As the Moon, So Beautiful
BlackLight
8

Pourquoi adorer détester Tsuki Ga Kirei

Tsuki ga Kirei est un anime de romance somme toute assez classique, parmi ceux qui nous transportent dans une fable contemporaine en nous enlaçant dans leur chaleur mielleuse. Si la plupart de ces...

le 28 sept. 2017

4 j'aime

As the Moon, So Beautiful
Mottainai
8

En orbite et au-delà

Diantre, me voilà pris la main dans le sac. Ce sac que j’ai cru ne plus jamais revoir est réapparu. Tout en étant allongé en position latérale sur mon lit, l’inattendu s’est produit. J’ai retrouvé...

le 5 avr. 2019

2 j'aime

1

As the Moon, So Beautiful
Heyden17
9

La force d'un premier amour

Cela faisait longtemps que je n’avais pas pleuré devant un anime. Plus sérieusement, Tsuki ga Kirei est l’excellente surprise de ce printemps 2017. Je ne pensais pas que j’apprécierais autant cet...

le 25 févr. 2018

2 j'aime

3

Du même critique

Gris (Original Game Soundtrack) (OST)
Mottainai
8

Un requiem pour la route

C’est drôle à dire comme ça, mais vous est-il déjà arrivé d’entendre une mélodie lors d’un rêve ? Moi, je viens tout juste de me lever après une longue nuit blanche, et me voilà assis devant mon PC à...

le 23 mars 2019

10 j'aime

Celeste
Mottainai
9

Une montagne sur le cœur

2 000 mètres et autant de façons de mourir. Un minuscule grain de pixels avec une bouillie toute mignonne contre un amas d'écrans qui cherche à briser le mental du joueur. Celeste est une ode au...

le 5 oct. 2019

9 j'aime

Hollow Knight
Mottainai
10

Un insecte pour les gouverner tous

J'ai trouvé un 10/10 sous mes semelles. Qui aurait cru qu'un si petit caillou à 15 malheureux euros serait en réalité une pierre des plus précieuses? Hollow Knight fait comprendre que la taille ne...

le 26 juin 2020

7 j'aime

4