Ascension commence avec un pitch tentant et prometteur. Pensez, un programme spatial top secret rempli de gens droit sortis des années 60, une micro-société originale qui n'a jamais quitté son vaisseau, qui développe ses propres codes, logiques, problèmes et qui est supposée devenir les pionniers de l'espace.
Ajoutez à ça de superbes plot-twists, une intrigue en parallèle sur la Terre, plein de musique jazzy et de beaux acteurs, et vous tenez une recette somme toute honorable.
Mais voilà, une recette, ce ne sont que des mots sur du papier. L'important, c'est de savoir cuisiner, doser les ingrédients et les mettre chacun à son rythme. Et c'est précisément ce qu'Ascension échoue à faire.
Les personnages sont extrêmement stéréotypés et, s'ils ne sont pas déplaisants, sont aussi tout sauf surprenants, tous autant qu'ils sont. Le second du capitaine, venu de la basse société, que tout le monde méprise et qui a une aventure avec une femme mariée. Le capitaine et sa femme, ambitieux mais probes. Le méchant politicien qui intrigue. Les jolies filles qui intriguent. La jolie fille qui tombe amoureuse du bad boy et le bad boy qui essaie de changer pour elle. Le scientifique fou qui veut contrôler son jouet. Je continue ?
Surtout, l'intrigue est mal menée. A bord du vaisseau, alors que la vie y a cours depuis 51 ans, rien ne se passe. On aurait pu aimer un peu plus de détails sur la vie à bord, pour qu'elle fasse moins carton-pâte. Un peu plus de vie quotidienne, d'anecdotes, de détails pratiques qui rendent cela tangible. Au lieu de cela, nous avons droit à des intrigues de couloir et de vaudeville, machin couche avec truc, mais truc le trahit pour bidule, mais en fait machin le savait et manipulait truc, bref, la routine.
Moi qui suis la première à avoir du mal avec les séries qui étirent artificiellement l'intrigue juste pour générer du faux suspense et faire traîner les cliffhanger, je dois pourtant faire un constat sans appel : Ascension va trop vite, ne prend pas le temps de poser son atmosphère. Le premier gros twist, la première grosse révélation sur la nature de cette mission Ascension arrive trop tôt pour qu'on ait le temps de vivre assez la surprise, de réaliser à quel point tout ce qu'on a considéré comme des enjeux essentiels se trouve altéré.
Tout va trop vite, on insiste trop sur les intrigues secondaires de sitcom et pas assez sur les véritables enjeux de science-fiction, au demeurant très bien pensés, qui devraient et auraient pu faire le coeur de la série, des scènes qui se jouent. Le rythme dramatique en pâtit et le spectateur est un peu promené entre des enjeux trop vite amenés et trop peu détaillés (on pense au personnage de la consultante qui aurait pu être tellement mieux écrit, tellement plus étoffé).
Néanmoins, comme je le dis, la série fourmille de bonnes idées et s'il y a une saison 2, je la regarderai avec curiosité et, je l'espère, non sans plaisir. Parce qu'il y a du bon et du prometteur dans Ascension. Dans ces audaces de plot twist, dans le personnage de Christa, dans l'excellent final. Dommage que les auteurs aient autant de difficulté à savoir doser leur suspense, installer la tension, écrire des personnages profonds, trouver leur ryhme, ne pas se perdre en scènes inutiles et aller au fond des choses.
Parce que, sur le papier, Ascension était une très bonne recette.