(attention spoilers)
Qu'il vive dans un courant limpide ou une rivière boueuse,
le poisson qui nage droit deviendra grand.
N'est-ce pas là la leçon ultime de notre poulpe bien-aimé? Dans l'avant-dernier épisode, un peu de temps avant sa mort, Koro Sensei explique à ses élèves qu'il est inutile de convertir sa frustration dans une haine systémique de la société. L'injustice existe. Le système n'est pas juste. Mais la critique du système social ne doit pas empêcher l'individu de s'élever. Celui-ci doit au contraire se flatter de le surmonter, et, à son tour, faire son possible pour élever son prochain. Il y a là, sous forme d'allégorie, tout une philosophie du dépassement de soi, du mérite, une ode à la liberté de l'homme. Assasination Classroom est un poil nietzschéen et il ne plaira pas à tous.
La forme de l'allégorie doit bien être cernée pour éviter de sombrer dans la critique implacable du réalisme: naturellement, quels élèves ont la chance d'avoir un gentil poulpe supersonique, brillant de pédagogie, comme professeur? C'est bien sûr un idéal. La justice et la liberté sont elles aussi des idéaux, pourtant, leurs valeurs sont-elles vraiment inutiles? Je crois sincèrement qu' Assassination Classroom porte un message clé, malgré sa créativité hors pair qui l'éloigne sensiblement de la réalité de l'enseignement.
Au-delà de l'idée de fond, Assassination Classroom m'a apporté un grand bol d'air frais. Ca m'a changé d'à peu près tout ce que je pouvais regarder ces derniers temps, Belmondo, Tenet, En thérapie et consort (bon j'avoue c'est vraiment pêle-mêle dit comme ça). Comme souvent dans les anime, on est transporté dans un nouvel univers, à partir duquel les créateurs construisent un système rationnel. C'est ce point que j'aime le plus dans les anime. Un postulat disrupteur simple: un élève trouve un carnet sur lequel il peut tuer la personne dont il note le nom; des ados sont piégés dans un jeu vidéo infernal; un homme peut tuer n'importe qui en un seul coup de poing... et une histoire merveilleuse qui s'ensuit, fondée sur des règles qui restent cohérentes. A ce titre, Assassination Classroom n'est pas plus fou que les autres animes: un être qui se déplace à Mach 20, qui a détruit la moitié de la Lune et projette de détruire la Terre, mais qui se prend de passion pour la pédagogie et enseigne au collège pendant un an, durée pendant laquelle il laisse à ses élèves l'opportunité de l'assassiner. Quoique finalement, est-ce que ça ne serait pas particulièrement barré ^^?
J'ai passé un super moment, et je ne peux que remercier les créateurs. Je suis assez certain que je me souviendrai d'Assassination Classroom, de son personnage extraordinaire et de ses valeurs. Le Japon est manifestement un pays où l'on garde encore un peu de respect pour l'enseignement.