Une bouffée d'air frais et la meilleure chose qui soit arrivée au monde télévisuel en 2016. Ça sent l'indé, le petit budget et pourtant c'est ce qu'on a vu de plus fort cette année. Bourré d'idées et de sensibilité qui, j'espère, permettra à l'industrie de se repenser.
Toujours sur le rasoir de la tension d'un quotidien qui peut sombrer dans la tragédie en un instant, ce qui paradoxalement permet un ressort comique d'une puissance folle. On rit pour éviter la gêne, on rit pour profiter de l'instant et on le fait très fort.
C'est d'un équilibre fou, basé sur un montage d'une rare efficacité. J'ai, pour la première fois de ma vie, dû mettre pause après un cut pour reprendre mon souffle dans un des premiers épisodes, chose qui m'était inconcevable avant. Atlanta sait aussi prendre son temps, nous rappelant où on est, installant toujours son ambiance par dessus tout pour nous surprendre. C'est une série qui a de l'inertie dans l'impact.
C'est beau et pourtant c'est des intérieurs banals, des rues sales, des boîtes paumés. Non c'est filmé avec respect de son sujet, par exemple la lumière est aussi travaillée dans la maison de Earn que chez les riches dans l'épisode 9. Toujours soft malgré ce que ça montre, toujours pensé, travaillé alors que c'est fluide, sans surplus.
Tous les personnages sont crédibles et attachants, tous ont leur moment de gloire dans cette saison et aucun n'est enfermé dans un cliché, ni une caractéristique dominante comme le font si souvent les comédies. Et les situations, dans lesquels ils sont exposés, ne permettent que de les voir interagir et évoluer. Rien n'est juste là "pour la blague". Ils sont malins à leur façon, agréables, pénibles, humains.
Et bordel, ça raconte tellement de choses sur la condition afro-américaine d'aujourd'hui. Des claques dans ta gueule d'européen blanc moyen qui voit juste passer des idées, des vidéos choc et des hashtags sur internet. C'est si fin, si sincère, si dur et si banal au final. Autant de force de frappe dans si peu de scènes par épisode, c'est si différent de ce qu'on nous sert dans toutes les séries modernes.
L'ambiance et la sincérité permettent l'inertie du coup reçu. La force et le coupant sont permis par la justesse du propos et son excellent montage. Alors je l'affirme, on a ici le Mohammed Ali sériel. Et ce n'est pas une comparaison à la légère, cette série doit être célébrée comme telle et être vue par un grand nombre.
Une poésie moderne à voir absolument.