Synopsis-prétexte

Comme indiqué dans les vagues synopsis que j’ai lu, on suit deux cousins et un pote qui vont essayer de faire percer l’un deux dans le monde du rap. C’est factuellement vrai, la série nous fait suivre ce projet au long cours. Néanmoins pour moi ça n’était pas le cœur de la série, plutôt un fil rouge en toile de fond, ça ou autre chose on s’en fout… (en tout cas moi)

C’est pas forcément négatif mais du coup nombre d’épisodes me faisaient à moitié chier et j’avais du mal à cerner où la série voulait en venir à ce sujet. Il y a des évènements relatifs à ça qui émaillent par-ci par-là les épisodes mais ça reste ténu et sans réel enjeu perceptible. Je m’attendais à suivre une plongée dans le monde du rap et son fonctionnement... et non.

Ce qui m’a fait tenir jusqu’au bout ce sont les épisodes ou courtes idées dans un épisode qui sont complètement what the fuck, le paroxysme étant la saison 3 avec quasi un épisode sur deux qui ne met même pas en scène les personnages qu’on connaît. La thématique raciale est toujours très présente, encore plus dans ces épisodes hors-série.

C’est tellement imaginatif, tellement surprenant, tellement intéressant, tellement réfléchi, tellement porteur de messages (sans que ça empiète sur le fun de l’épisode et la situation mise en scène), c’était stimulant. Et ça me faisait penser à… Black Mirror.

Il y a ce concept de prendre une idée de base, une situation, la dérouler jusque l’absurde pour y réfléchir. Les comportements et dynamiques entre noirs, entre noirs et blancs, entre blancs sont explorés (par ex : le riche blanc marié à une noire dans une volonté de paraître cool et sensible à leur cause avec toutes les meilleurs intentions pourtant toujours ostensiblement malaisantes ; le monde dans lequel il y a des tests ADN pour que les descendants d’esclavagistes soient identifiés et indemnisent les descendants d’esclaves ; la famille blanche riche qui se rend à l’enterrement de leur nounou à domicile noire ; l’attribution de bourse par un mécène noir aux étudiants s’ils prouvent lors d’un entretien qu’ils ont bien toutes les références faisant d’eux de « vrais noirs » (posant des problèmes au light skin qu’on suit) ; le restaurant japonais intégralement géré par des noirs ; la vengeance de Earn horrible, disproportionnée et machiavélique sur une employée d’aéroport blanche qui a fait preuve de racisme envers lui et lui a causé un tort moindre mais certain ; l’épisode avec le MJ fascinant et inquiétant qui te fait penser que t’es presque dans une série horrifique ; etc).

Des sujets qui pourraient être abordés de manière académique, convenue et hautement moralisatrice, le sont ici faits avec intelligence sans négliger le divertissement.

Vraiment si la série avait + assumé cet aspect en ne faisant quasi que ça ç’aurait tellement pu être un coup de cœur intégral. J’ai vraiment la sensation que c’était ça qui leur avait donné envie de faire la série et le résumé de base « deux cousins qui veulent percer dans le rap » était tout juste un prétexte plus vendeur pour que la série voit le jour. C’est même pas Childish Gambino qui fait le rappeur (que j’ai connu avec This Is America, j’adore le clip).

Donc je trouve ça dommage. Les épisodes font 30 minutes ce qui est censé être digeste et pourtant, souvent, je me faisais chier et songeais à la note SC et la réputation que j’en entendais pour me dire que ça devait valoir le coup.

La saison 3 a rentabilisé et redynamisé mon visionnage avec des pépites. Je garderais ça dans ma tête quand je penserais à la série mais sur la longueur je peux pas dire que c’est ce qui dominait pour me faire aller au-dessus de la moyenne.