Excellente surprise que cette série australienne sur le fil du rasoir. Bad Mothers reprend les mêmes codes que Desperate Housewives et Big Little Lies (enfer sous l'apparence édenique d'une petite ville, frustrations de femmes, meurtre central), mais Rachel Lang & Gavin Strawhan infusent leur propre ton original à ce qui n'aurait pu être qu'une pâle copie.
Le quintette d'héroïnes est très différent de ces modèles, sans doute parce qu'il n'est pas aussi désespéré. Leur vitalité, leur pugnacité, loin de la résignation habituelle, irrigue l'épisode d'une énergie trépidante, un parti pris opposé à la lenteur menaçante de DH et BLL, mais d'une redoutable efficacité.
Le meurtre d'une vipère blonde (royale Melissa George, habituée des rôles hauts-en-couleur) est le prétexte à un discours social nuancé. Sororité vaillante en dépit de conflits électriques, ravages du slut-shaming, amour sincère mais oblatif atteignant vite ses limites, routine de couple destructrice, description réaliste des conséquences matérielles et morale d'une rupture... Traiter efficacement autant de thèmes en peu d'épisodes impose à Bad Mothers un style vif, concentré, aigu qui soutient le thriller, à rebondissements multiples. Une belle production qui mérite d'être vue.