Une série à la hauteur du budget investi pour sa création.
Compte tenu de la moyenne générale, tout le monde ne semble pas de cet avis...
Grand bien vous fasse.
« The Pacific » est un bloc de granite. C'est-à-dire qu'il est préférable de voir plusieurs épisodes d'une traite, sans grosse interruption, au risque de river ses yeux sur le bas côté de votre écran et ne plus pouvoir raccrocher le front.
Si on oublie deux secondes son homologue européen : existe-t-il une pareille production aussi ambitieuse que réussie ? D'autant plus sur un sujet très peu traité sous toutes les formes audiovisuelles qui puissent exister ?
Cet enfer dans les îles du Pacifique permet d'illustrer les vétérans de cette campagne, éclipsés par le théâtre Européen. La dureté des combats auxquels ils survivent ou succombent prend une ampleur importante après les premiers épisodes, ceux-là faisant office de "mise en bouche" ; ils introduisent les premiers personnages, les premières tensions, les premiers signes de fatigue et de lassitude si je puis dire.
Plus que dans les Frères d'Armes, cette série s'avère davantage axée sur la réflexion du soldat que sur le fusil qu'il tient. Une guerre émotionnelle qui se découpe en différents points de vue, puisque ce ne sont pas moins de trois corps marines qui sont suivis, ce qui implique qu'on voit les réactions de leur leurs proches, qu'on assiste à leurs rencontres amoureuses, etc. Une galerie d'intervenants qui interagissent et qui affirment une soif de tout montrer : la chair, le sang, l'amour, les pleurs, les rires... Des explosions d'émotions qui témoignent d'une reconstitution exhaustive et épique... Cependant cela constitue également un "défaut", étant donné que ça influe sur le rythme de chaque épisode et sur la clarté de l'histoire qui manque quelques fois d'équilibre. Elle est parfois statique, pas toujours intense. Heureusement, il y a d'autres choses qui contrebalancent ces coups de mous, des choses qu'il ne faut surtout pas négliger, il y a d'abord ce traumatisme qui marque les marines par ce qu'ils entendent et sentent, par les civils qui s'affolent ou qui sont forcés à des tâches ingrates. Il y a une envie d'explorer les facteurs humains, en évitant par la même occasion les stéréotypes grinçants pour laisser place à une véritable déshumanisation ambiante. Je ne vais pas vous spoiler, mais sachez que cette mini-série a un mérite parmi beaucoup d'autres : attaquer, sans trop l'expliciter, la propagande militaire.
La série s'appuie sur une pensée particulière au fil des chapitres : les marines sont devenus ce qu'on attendait d'eux. Être des tueurs de jap's. Se forcer à les haïr, à les détester. Faire exprès, ou non, de les prendre pour des rats de laboratoire et les vider de toute humanité pour justifier des actes de barbarie à leur encontre. De ce fait, l'évolution psychologique d'Eugene Sledge en est un parfait exemple...
The Pacific est donc un grand spectacle télé-sensoriel comme j'en ai rarement vu. Pas parfaitement calibrée de bout en bout, accusant de certaines lenteurs qui pèsent dans la balance, c'est une fresque qui persiste à rester une expérience effrayante et terriblement ingénieuse. Et puis, le thème musical #1 est mémorable.
Je suis excité comme un gamin à l'idée de découvrir "Masters of the Air", le troisième (et denier ?) fragment d'une trilogie sur la 2nd Guerre Mondiale par le tandem d'esprits que forment Hanks & Spielberg. Faites tourner les hélices !