Batman version 1966, c’est un peu comme si tu avais mélangé un comic book avec une parade de carnaval, tout en t'assurant que personne ne prenne rien trop au sérieux. Ici, le Chevalier Noir enfile ses collants bleu électrique et se lance dans des combats épiques contre le crime… mais avec plus de "POW!", "BAM!" et "ZAP!" que de réelles menaces pour Gotham City. Sérieusement, on dirait que l’armement le plus redoutable du Joker, c’est un pistolet à eau.
Cette version de Batman est tellement kitsch qu’elle en devient une œuvre d’art pop, une explosion de couleurs vives et de décors en carton-pâte qui défie toute logique. Oublie le côté sombre et torturé du Batman qu’on connaît aujourd’hui. Adam West, alias Bruce Wayne/Batman, est le roi du sourire figé et de la justice morale décomplexée, version année 60. Avec sa voix solennelle et son sérieux à toute épreuve, il te balance des répliques éducatives comme si son Bat-costume avait été tricoté par sa mamie. Ce Batman-là ? Il te sauve le monde tout en t’apprenant à traverser la rue dans les clous.
À ses côtés, il y a Robin, le Boy Wonder, qui semble avoir trouvé sa voie dans l'art de s'exclamer avec enthousiasme à chaque occasion. "Saintes spaghettis Batman !" est une réplique que tu risques d’entendre plus d'une fois. Ce duo dynamique (et très, très moulant) passe son temps à sauter dans la Batmobile pour aller affronter des méchants qui semblent tout droit sortis d’un bal masqué un peu trop arrosé. On est loin des menaces existentielles sur Gotham : ici, les méchants s’enfuient souvent en trébuchant sur leur propre cape.
Les méchants, justement, sont un véritable carnaval. Entre le Joker, tout sourire avec ses gags aussi douteux que ses blagues de clown raté, le Pingouin avec son parapluie ridiculement gadgetisé, et Catwoman, qui pourrait être plus dangereuse si elle ne passait pas son temps à faire ronronner des plans compliqués, on est dans la caricature la plus absolue. Chaque méchant est plus théâtral que le précédent, avec des costumes qui semblent sortis d’un défilé de mode d'Halloween et des plans de conquête du monde qui seraient plus à leur place dans un manuel de blagues pour enfants.
Mais le véritable héros ici, c’est la Batmobile. Cette voiture futuriste à ailerons géants, qui semble sortie tout droit d’une station-service du futur, est un bijou de kitsch. Chaque fois que Batman et Robin sautent dedans, tu sais que tu vas assister à une course-poursuite de deux minutes dans les rues de carton de Gotham, ponctuée par des virages serrés, des cris de surprise et, bien sûr, des musiques d'accompagnement dignes d’une parade de supermarché.
La structure des épisodes est aussi simple que répétitive : un crime bizarre, une enquête rapide, une capture maladroite par les méchants, puis une évasion encore plus ridicule suivie d’un combat final dans lequel les onomatopées prennent le dessus sur toute la logique. Ces "POW!", "BAM!", et "ZOWIE!" apparaissent à l’écran en grosses lettres colorées à chaque coup porté, comme si un concours de bande-dessinée s'était incrusté au tournage. C’est hilarant et déconcertant à la fois. Imagine un combat de boxe où les gants exploseraient en paillettes de carnaval à chaque coup. Voilà le style de la série.
Visuellement, Batman 1966 est une overdose de couleurs vives et de décors qui semblent avoir été assemblés avec du papier mâché. Les rues de Gotham ? Proprement dessinées au marqueur. Les repaires de méchants ? Des labyrinthes de cartons peints avec un peu de fumée pour faire mystère. Et les costumes ? Ah, ces collants qui laissent peu de place à l’imagination… on dirait que chaque personnage s’est habillé pour aller à une fête costumée, sauf qu’ils ont tous oublié que c’était censé être une série de super-héros.
Le plus fascinant dans cette version de Batman, c’est à quel point tout est surjoué, suréclairé et sur-absurde. C’est une série qui ne se prend jamais au sérieux, et c’est là son plus grand atout. On est dans une parodie permanente où Batman passe plus de temps à expliquer des leçons de morale à Robin qu’à véritablement affronter des criminels. Chaque épisode est une mini-leçon sur la courtoisie, la patience, ou la vertu du recyclage, tout en affrontant des ennemis qui pourraient probablement se battre avec des ballons de baudruche.
En résumé, Batman 1966, c’est du divertissement pur, un cocktail de camp et de kitsch où les super-héros sont plus préoccupés par leur ligne de dialogue que par sauver réellement le monde. C’est un univers où le danger n’existe jamais vraiment, où les méchants sont ridicules, et où tout finit toujours bien, avec une petite leçon de vie bien emballée par Batman. Ce n’est peut-être pas la version sombre et sérieuse du Chevalier Noir qu’on connaît aujourd'hui, mais c’est certainement la plus colorée et la plus joyeusement absurde. Alors, prépare-toi à enfiler ton collant (ou pas), et à embarquer pour une aventure où le mot "sérieux" a été banni au profit des paillettes et des "BIFF!"