Belgravia est.. Comment dire... Une charmante petite série à l'eau de rose. Julian Fellowes s'écarte de la chronique historique de Downton Abbey, même s'il conserve un peu la dualité des maîtres et valets (tout en marquant plus nettement sa préférence pour les premiers), pour se lancer dans une bluette sans prétention mais qui plait par son charme suranné, la préciosité onctueuse des dialogues de l'aristocratie victorienne (et de la bourgeoisie qui la copie sans pouvoir prétendre, à son grand désespoir, s'y intégrer. Travailler est le propre du vilain et qui s'y adonne ne saurait être admis dans le beau monde) avec cet accent inimitable des snobs anglais (ne pas regarder la série en VO fait perdre au minimum la moitié de son intérêt, qui n'est déjà pas énorme).
Cette série a eu sur moi un effet "madeleine de Proust" assez plaisant. Quand j'étais gamin dans les années 70, je partais souvent en week-end avec mes grands-parents dans leur maison de campagne (une masure en ruine qu'ils avaient retapé, avec 3 pièces en tout et pour tout, la principale étant la cuisine encombrée par un gros poêle à bois, qui faisait aussi séjour et salle de bain, et cabane au fond du jardin...). Dans un coin, ma grand-mère stockait un tas de numéros du magazine "Modes de Paris", un truc à faire pleurer de rage les féministes, avec des patrons de couture, des recettes de cuisine, des conseils pour être une bonne épouse et une bonne mère, des romans photo et des feuilletons. Même si je n'avais que 8/10 ans, les romans photo ne m'intéressaient pas (je ne sais pas pourquoi), mais j'adorais dévorer les feuilletons écrits. Ca devait être du "sous Harlequin" (enfin, je dis ça, j'ai jamais lu de livre de la collection Harlequin, c'est peut-être un peu plus cochon), mais on y lisait que pour séduire les belles énamourées, leurs soupirants devaient être courageux et intrépides et démêler des écheveaux d'intrigues tarabiscotées. Et j'aimais ça. Avec la puberté, ce genre intéresse beaucoup moins (peut-être qu'à l'époque, une fois mariées et mères, les femmes redevenaient pré-pubères, jusqu'à la ménopause ?), d'où ma surprise de tomber sur une série qui se vautre quand même gentiment dans la romance chaste et sage.
Et puis, je ne vais pas dévoiler la fin pour ceux qui iraient jusque là, mais il n'y aura certainement pas d'autres saisons. Donc c'est un petit plaisir coupable sans conséquence.