Un fantôme chasse l’autre. Je découvre le fantôme du Louvre. Feuilleton ancien. Révélateur d’une époque, toute une époque. Un feuilleton court, qui m’a fait voyager dans le Paris rêvé des années 1965. Un Paris phantasmé, avec un fantôme qui ne l’est pas moins. On nous parle de Rose-croix, de société secrète, de trésor mystique, d’un métal de Paracelse (?), miraculeux, d’enquête à la commissaire Maigret... Un mélange de choses qui vont et viennent, et mènent l’intrigue, sans se soucier plus que ça d’homogénéité, ou du récit. Cela ressemble à une expérience, avec pour mener le jeu des acteurs de métier, sûrs de leur métier. Le jeune Yves Rénier, qui joue André, est excellent. C’est « Tintin reporter », téméraire, aventureux, à la poursuite du fantôme du Louvre. La femme mystère c’est la troublante, Juliette Gréco, qui joue Laurence. Cougar, (avant l'heure), elle fait tourner là tête à ce pauvre André, jeune proie facile qui tombe toute crûe entre ses griffes. L’imposant commissaire divisionnaire Ménardier, lui il patauge, le fantôme est insaisissable, (bien sur!).
Les épisodes qu’on appelle : Époque, sont tellement différents de l’un à l’autre, que ça fait vraiment bizarre, (on a perdu l’habitude). Et le littéraire l’emporte, vu le soin apporté aux dialogues, qui emportent l’adhésion, pour peu qu’on se laisse aller. On pourrait même croire à une saga en roue libre. Ça fait rêver d’une autre époque, c'est voyager dans le temps.
Malgré les longueurs, et les retournements de situations téléphonées, ça garde un charme certain. Un charme dû à l’enfance sans doute. Moi, c’est la première fois que je vois ce feuilleton, comme quoi, l’enfance, c’est avant tout quand on l’a quittée qu’on en rêve. Les acteurs sont concernés, et campés sur leurs deux pieds, qu’on sent que c’est dirigé par un metteur en scène de théâtre ou affillié, avec quelque emphase, une symbolique riche et prolixe, et une artificialité absolue. C’est propre sur soi, sans folie aucune, c'est de l'artifice. Encadré, et sans yéyé. C’était ça aussi, l’époque des yéyés. Il n’y avait pas que les yéyés. A la télé, il y avait des programmes faits sur mesure, pour le plus grand public bien sage, confectionné avec soin par la télé d’Etat, et heureusement, il n’y a pas de sous-entendus dessous, (genre leçon de choses ou de morale), se serait catastrophique, sinon. C'est détaché de la réalité tout comme il faut, le divertissement est servit. À table!
Sérieux, rigide même. Sauvé par la jeunesse d’André/ Yves Rénier, sa naïveté feinte; par sa copine Colette, naïve amoureuse, c'est la fille du commissaire. Par Gréco /Laurence, femme à double face, manipulatrice (no spoiler). Manipulatrice, manipulée, mais manipulant elle-même son monde ( ?) Pas très sérieux tout ça... Belphégor est soudain bien pâle, face au trio amoureux, qui s’annonce. André a du mal à se décider, entre la jeunesse de l’une, et l’expérience de l’autre. Colette ou Laurence ?
Feuilleton sauvé par des petits trucs, comme le bagout du commissaire divisionnaire, qui tend un piège ! Mais Belphégor est insalissable. (Bien sûr). Par la présence inquiétante de l’inquiétant Williams, le complice de Belphhégor, méchant Incarné par un François Chaumette, très "membre de la comédie française". Dès qu’il apparaît, on se croirait dans du Claudel, (très sérieux, le gars!).
L‘histoire comptera de moins en moins, seul comptent les époques, qui évoluent au gré du vent, avec une seule inconnue: Mais qui est Belphégor ? On veut le savoir. Divertissement donc. Et le noir et blanc, les nocturnes, le final, très thriller noir à la française, tout ça fait rêver. C’était le but recherché, non ? On ne croit plus aux fantômes, on s’en amuse.