Bête noire par Mots_Passants

Réalisée par Patrick Lowe (Prémonitions, Toute la vérité) et Annabelle Poisson (Fugueuse, L’Échappée) cette mini-série québécoise de 6 épisodes n’est peut être pas ”fascinante” mais elle demeure ”intéressante”.

En effet, si nous avons eu souvent droit à des films & séries sur des tueries au sein de collèges, de lycées, de facultés, etc. en mettant en exergue davantage (dans l'ensemble) les victimes que le ou les tueurs, ”Bête noire” s’avérera bien différent.

"Bête noire" a la singularité de s'intéresser aux répercussions du geste du tueur, les conséquences qui vont en découler sur sa famille, sur ses relations. La recherche qu’aura notamment sa mère, avec l’aide de la psychiatre-coroner, malgré sa douleur indicible, pour essayer de comprendre pourquoi son fils a pu commettre un geste aussi abominable.

Pourquoi ce jeune garçon âgé de seulement 16 ans, à l’apparence insignifiante et qui ”semblait” n’avoir aucun problème particulier, a pu tuer six de ses camarades avant de se suicider ?

On ne peut pas écrire qu’il ne sera jamais fait allusion à la tuerie, bien entendu, mais la série en elle-même s’en éloigne. 

On a droit surtout au portrait de la famille complètement brisée tant par l’horreur que par l’incompréhension.

On comprend, surtout, que la famille du tueur, plutôt que ne méritant, aux yeux de certains, que de devenir maudite (confrontations violentes avec les familles des victimes, SMS plus haineux encore qu'agressifs envoyés à sa soeur, etc.), souffre elle-aussi et même en ”double peine”.

J’ai trouvé le premier épisode magistral, lorsque cette mère découvre sur un écran de télévision au sein même de son travail qu’une tuerie dans le collège de son fils et de sa fille vient de se produire. Comme toute mère, affolée, elle craint qu’ils ne fassent partie des victimes du massacre car six jeunes ont été tués.

Angoissée au plus haut point, elle se précipite sur les lieux. Elle est soulagée lorsqu’elle apprend que sa fille est vivante mais le cauchemar va commencer lorsqu’elle apprend également que son fils, lui, est mort.... car il est suicidé.... et que s’il s’est suicidé, c’est parce qu’il est le responsable de la tuerie et qu’il s’est tiré une balle dans la tête juste après.

Cette réalisation permet de prendre conscience, sans manichéisme, qu'on peut ne pas connaître du tout nos proches, qu'ils sont bien plus influençables et fragiles que ce qu'on le penserait, qu'un mot qu'on peut penser anodin peut entrainer une réaction dramatique, etc. etc.

"Bête noire" offre un spectacle, superbement interprété en plus (ça ne gâche rien) qui mérite d'être vu. Plus exactement il s'agit d'une mini-série que je ne regrette pas d'avoir regardée.