Better Call Saul
7.8
Better Call Saul

Série AMC (2015)

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Cette critique sera évolutive, tout comme la note au fil des épisodes et saisons. Mais dissipons de suite les doutes éventuels. Y avait-il vraiment matière à faire un spin-off de 'Breaking Bad' ? Après quasiment une saison complète (neuf épisodes, sur les dix au total), il semblerait que ce soit le cas… Bien sûr, on s'était dit que ça ne serait que du fan service et que les créateurs ne cherchaient qu'à surfer sur le succès de la série initiale. Puis cette peur de voir ruinée un bijou de la télé contemporaine, tous les fans l'ont eue. Seulement, Vince Gilligan et son producteur & écrivain Peter Gould dont le talent n'est plus à prouver semblent avoir de vraies bonnes idées pour confectionner cette préquelle étonnamment ambitieuse : explorer le passé de James 'Jimmy' McGill avant qu'il ne devienne Saul Goodman est un pari follement couillu, on peut d'ores et déjà saluer la prise de risque puisqu'il s'agit d'un personnage d'abord secondaire, qui devient important qu'à partir de la troisième saison de 'Breaking Bad' donc finalement assez tard. Mais nos doutes s'estompent rapidement lorsque l'on découvre la qualité de cette première saison. Car 'Better Call Saul' n'a pas à rougir et la patte 'Breaking Bad' est bien présente. C'est donc avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons ses personnages (Tuco Salamanca, Ehrmantraut), cette loufoquerie dramatique et son atmosphère si particulière... Albuquerque comme on l'a aimée. Six ans auparavant.


Si 'Better Call Saul' devait être au départ une comédie d'une demi-heure par épisode, la durée a rapidement changée puisque tout comme son ainée, la série s'allonge par moment pour "prendre son temps" du fait de sa complexité et de sa richesse car oui, BCS n'est pas indissociable de BB. Les scénaristes veulent innover et créer quelque chose d'inédit. Si les habitués trouveront leurs repères plus vite que les autres grâce aux éléments en commun, BCS ne se contente pas de renforcer l'histoire originelle mais en crée une nouvelle, avec de nouveaux personnages (Chuck le frangin de Jim, Kim Wexler son amie (?) proche, Nacho l'associé de Tuco, etc.), un ton et une identité propre qui se forge petit à petit même si il est évident que la série se cherche encore à ce stade. L'introduction même du show nous fait comprendre qu'il s'agit d'un drama indépendant malgré son statut de dérivé, lorsqu'on nous montre en flashforward un vieux Jimmy esseulé, nostalgique et amer derrière son comptoir Cinnabon, à faire ses moelleux et à nettoyer. V. Gilligan sait exactement où il veut aller et après une saison seulement, la confiance règne déjà. D'où la déferlante de notes & de critiques dès les premiers épisodes. Car si le démarrage est brillant, le potentiel pour la suite est juste immense. C'est bien ce qui différencie Better Call Saul de tous les autres spin-offs ratés habituels : la série existe par elle-même et devient nécessaire.


Bob Odenkirk s'impose et confirme ses talents d'acteur ; il prouve qu'il peut assumer un rôle principal avec une aisance stupéfiante, en occupant quasiment toute la place à l'écran, mais ne semble pourtant jamais faiblir quelque soit les situations et malgré la quantité astronomique de texte et dialogue. Des dialogues par ailleurs de toute beauté dont certains deviendront cultes, sans parler des punchlines qui fusent...


Cette première scène dans le désert, la négociation avec Tuco et Nacho, on en attendait pas moins d'une série basée sur ce tchatcheur de luxe ! Un vrai délice.


Tantôt folichon et absurde, tantôt pathétique et émouvant, Odenkirk sait tout faire et campe parfaitement le personnage de James, dévoilant toutes les facettes de sa vie privée et le montrant tel qu'il est réellement, derrière le masque de Goodman qu'il ne tardera pas à revêtir pour se construire sa propre identité et montrer enfin au monde ce qu'il vaut vraiment. Il reste à savoir si Jimmy, un anti-héros comme on en fait plus depuis W. White pourra ou non surpasser les mésaventures de ce dernier... L'histoire d'un gars misérable mais touchant, qui n'hésitera pas à frauder, à fabuler et à passer de l'autre côté de la loi tout en se cachant derrière elle, pour se rendre enfin justice lui-même et finalement arracher de force ce que cette vie ne lui a jamais offert.


À suivre.

Smay
8
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Créée

le 6 mars 2015

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Smay

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