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Créée par Amy Holden Jones (Mystic Pizza, Indecent Proposal, Beethoven…), Black Box est une drama mettant en scène une brillante neuropsychiatre elle-même atteinte d’une maladie mentale qu’elle dissimule à son entourage aussi bien qu’à ses collègues (on vous l’a dit: elle est brillante !). La série est en cours de diffusion aux Etats-Unis sur la chaîne ABC depuis le 24 avril, et a a réuni près de 6.87 millions de téléspectateurs devant son series premiere.
Vous avez dit médecin brillant gérant – ou non – ses propres problèmes tout en dispensant des conseils qu’elle pourrait appliquer à elle-même ? Il ne s’agit pas de Docteur House, mais bien de Black Box, à ceci près qu’à la place du talentueux Hugh Laurie (Street Kings, Mr. Pip…), le rôle principal est incarné par la un peu moins brillante – et crédible – Kelly Reilly (Sherlock Holmes, Triage, Calvary…). Dans le premier cas, j’ai suivi la série assidûment jusqu’à sa conclusion. Dans le second… ma foi… j’ai vraiment souffert devant Black Box.
De la même manière que j’ai souffert et continue de souffrir devant les séries ABC… Celles qui avaient commencé fort comme Once Upon a Time ou Revenge sont tombées dans une facilité absolument exaspérante consistant à rajouter des personnages et des rebondissements à l’infini, jusqu’à perdre complètement les téléspectateurs qui étaient au départ séduits par la cohérence des intrigues et la qualité dans la construction des personnages. Même son de cloche du côté des nouveautés de la chaîne, avec en tête Agents of SHIELD qui s’est révélé horriblement décevante mais bénéficiera comme ses deux petites camarades d’un renouvellement… Black Box, ce n’est pas une synthèse de tout ça, mais c’est typiquement le genre de série qui aurait pu être géniale si on avait passé plus de temps sur son écriture et sur le développement des personnages. Et c’est un beau gâchis…
Kelly Reilly incarne le Docteur Catherine Black – oui, encore une série qui porte le nom de son personnage principal… oui, c’est vraiment super original – éminente neuropsychiatre reconnue par ses pairs et douée d’une incroyable empathie envers ses patients. Encore plus original, Black Box est la énième série ABC mettant en scène un personnage principal féminin « compliqué »; une apparente mode pour le network qui frôle le systématisme depuis un moment et qui commence à avoir quelque chose de lassant. Pas parce que le personnage principal est une femme ou parce qu’il est compliqué… mais parce qu’il y a « compliqué » et un peu absurde sur les bords.
Catherine est bipolaire et souhaite le cacher à presque tout le monde ? Héhé, ça tombe bien: il existe justement un traitement pour lui permettre de dissimuler tous les troubles de sa maladie. Drôlement pratique, hein ?! Mais la série serait horriblement molle si l’héroïne prenait docilement son traitement, alors pour qu’il puisse y avoir des scènes drôles / cocasses ou du sexe un peu violent, on fait comment ? Catherine saute les prises de son médicament, voire se débarrasse du traitement pour ne plus le prendre. Eh oui, c’est bien pratique: le traitement est pratique pour plein de raisons, mais est en même temps un handicap pour le côté « fun » ou un peu « cartoon » du personnage lorsqu’il est en pleine crise. Et lorsque c’est le cas, Catherine n’est plus la même: elle danse sur les rambardes de balcons (sous la pluie, sinon c’est moins drôle), miaule bizarrement, est avide de sexe, giffle les gens sans raison… bref, elle est tout bonnement incontrôlable.
Les séries sur les maladies mentales et/ou désordres psychologiques ne sont pas légion, et c’est ce qui m’a amenée à tenter Black Box, en espérant voir quelque chose d’à la fois intelligent et original. La maladie est ici traitée comme un prétexte à autant de situations rocambolesque ou drôles, mais jamais on ne nous amène dans le fond des choses. La maladie apparaît donc comme une anecdote, quelque chose qui n’existe pas vraiment, qui n’est pas plus grâve qu’une maladie physique classique aussi longtemps qu’on prend son traitement. Et parce que la maladie mentale de Catherine n’est qu’on prétexte, on n’y croit pas une seconde… au point que côté scénario, on insiste, on insiste, on insiste… mais les scènes essayant de traiter sérieusement la maladie du personnage sonnent faux. Même chose lorsque Catherine doit s’occuper de ses patients: on a vraiment du mal à croire qu’une personne aussi fragile et aussi irresponsable soit la seule personne dans le monde entier à pouvoir s’occuper de ces personnes. Vraiment, j’ai eu du mal.
Autre travers de Black Box: cette tendance à faire déclarer des choses aux personnages pour tout expliquer jusqu’au moindre détail de chaque scène, de chaque dialogue. Dans le pilote, c’est compréhensible jusqu’à un certain point… mais dans les épisodes suivants, ça tape tout simplement sur les nerfs parce que c’est un peu comme si les scénaristes avaient voulu prouver qu’ils avaient bien « fait leurs devoirs » en cherchant des informations complémentaires sur absolument TOUT, et qu’ils avaient voulu que toutes ces infos rentrent dans les 42 minutes que dure un épisode. Exaspérant au possible !
Enorme déception sur cette série, qui aurait pu être beaucoup plus réaliste et crédible si on s’était un peu plus appliqué au moment de développer le tout. Le résultat ne ressemble pas à grand chose, et le concept « spécialiste du cerveau avec un cerveau défaillant » ne tient pas débout très longtemps parce que les scénaristes préfèrent s’appliquer à proposer des situations cocasses plutôt que des scènes permettant de développer leur personnage principal et son rapport à la maladie, ou toute autre chose qui aurait pu faire positivement sortir cette série du lot.