Besoin de tuer quelqu'un ? Suivez les cours de droit d'Annalise Keating pour créer l'alibi parfait !
Créée par Peter Nowalk et réalisée par Shonda Rhimes (Grey’s Anatomy, Private Practice, Scandal…), How to get away with Murder est une série policière centrée sur un groupe d’étudiants ambitieux souhaitant rejoindre un prestigieux cabinet d’avocats. Le pilote de la série a été diffusée le 25 septembre sur la chaîne américaine ABC et a réuni 14.34 millions de téléspectateurs.
Sur ABC, le jeudi est synonyme – non pas de raviolis – mais de Shonda Rhimes, avec l’enchaînement de Grey’s Anatomy, de Scandal et de la rookie de ShondaLand (la boîte de production de Shonda Rhimes) How to get away with Murder. Un parti pris qui aurait pu être abusif si les trois séries avaient été complètement sur le même créneau, mais qui en plus d’être osé offre une belle arrivée sur la chaîne à cette nouvelle série, qui réalise le meilleur démarrage depuis 2007 sur la chaîne.
Les premiers trailers de How to get away with Murder avaient attiré mon attention dès leur sortie avec une question: « jusqu’où peut-on aller pour obtenir le job de ses rêves ? ». Une question à laquelle le pilote s’efforce de répondre avec quelques maladresses, mais de manière assez intéressante.
Les premières scènes nous montrent un amphithéâtre bondé d’étudiants tous plus brillants les uns que les autres, quasiment en pâmoison devant leur professeur de droit pénal. Un professeur qui n’est pas n’importe qui: associée dans un grand cabinet d’avocats, super intelligente et bénéficiant d’une réputation de requin enragé – c’est dire ! – les présentations avec Annalise Keating (Viola Davis) arrivent rapidement et nous placent presque parmi tous ces étudiants qui envient sa carrière et tremblent en silence face à elle. Pour le coup, on se retrouve face au même type de personnage principal que Scandal – les parties de jambes en l’air du Président des Etats-Unis en moins – avec une femme afro-américaine indépendante, brillante, et qui s’est fait sa réputation seule en partant de tout en bas de la chaîne alimentaire mais qui a une vie sentimentale plus que chaotique (un élément récurrent des séries portant la patte Shonda Rhimes).
La construction du pilote consiste en un enchevêtrement de scènes se déroulant de nos jours avec des scènes se déroulant dans un passé pas si lointain que ça. L’exercice est largement maîtrisé, mais je n’ai pas pu m’empêcher de trouver ça un peu pénible malgré tout, parce que si cette manière de construire la narration était originale il y a quelques années, le fait qu’elle soit maintenant quasi-systématique a quelque chose d’assez lassant.
Le déroulé de l’épisode ne souffre aucune pause ou baisse de régime: tout s’enchaîne – dialogues incisifs et scènes concises – pour ne nous laisser aucune possibilité de reprendre notre souffle en cours de route. Mieux encore: dans cet enchaînement sans répit propre aux séries procédurales se glissent les prémisses de rebondissements en chaîne un peu à la manière des soap, ces feuilletons dans lesquels l’action rebondit encore et encore à la manière d’une savonnette glissante qui nous échappe inlassablement des mains quand on essaie de s’en saisir.
Ça aussi, ça doit être devenu une mode à la télévision: on utilise un autobus de personnages mais on ne s’enquiquine pas à les présenter, on fait simplement savoir aux téléspectateurs qu’ils sont là, qu’ils existent et c’est tout, leur imagination fera le reste et comblera les trous toute seule. How to get away with Murder fait intervenir une classe entière d’étudiants qui ne nous seront présentés que de manière anecdotique, sans que cela soit réellement handicapant pour la compréhension de l’histoire. Le même sort est réservé – et là, c’est un peu plus gênant – au personnage principal, qui n’est vu qu’à travers les yeux de ses étudiants et donc forcément de manière incomplète. Cependant, les scènes s’enchaînent et Annalise se dévoile peu à peu. Pas complètement, mais suffisamment pour qu’on continue le visionnage du pilote tout en appréciant finalement ce don étrange pour l’introduction de personnages multiples.
Bien entendu, les seules facettes de ces personnalités mises à notre portée sont des indices indiquant que ces personnages ont tous une moralité ambigüe, qu’ils sont égoïstes et ont soif de reconnaissance, mais à aucun moment ils n’essaient de se trouver des excuses. Et le résultat global est plutôt intéressant à regarder.
Dans How to get away with Murder, il y a à la fois du bon et du prometteur mais aussi les principaux éléments que je reproche aux séries de ou sur lesquelles travaille Shonda Rhimes: faible développement des personnages, personnage principal féminin brillant professionnellement mais handicapé sentimentalement, rebondissements faciles… J’ai quelques appréhensions, mais je suivrais néanmoins la série avec assiduité, ne serait-ce que pour le jeu de l’excellente Viola Davis !