Boardwalk Empire : comment conclure brillament une série
En ce qui concerne les qualités de cette saison, on est récompensé de notre fidélité avec une image toujours aussi belle, une réalisation toujours aussi fouillée et maîtrisée, des acteurs toujours parfaits, donnant une parfaite crédibilité à des personnages pourtant trop haut en couleur, un casting 5 étoiles, même si Michael Stuhlbarg a déserté le show avant la fin, un parfait mélange entre violence, humour, moments émouvants, et scènes purement romanesques, une bande son toujours impeccable… et le scénario.
Le scénario est toujours la pierre angulaire qui assure l’intelligence et le succès d’une série. Mis à part la 3e saison plutôt faible, les saisons de Boardwalk ont toujours construit des arcs narratifs parfaitement maîtrisés, jouant des personnages comme de pièces d’un jeu d’échec, fonctionnant sur des règles bien établies, mais mués par des sentiments très bien dépeints. La 5e saison a été suffisamment intelligente pour, après 4 saisons bien remplies d’intrigues mafieuses, mettre de coté cette grande machine : on a donc surtout la montée en puissance de Lucky Luciano et l’apogée de Capone pour rythmer les manigances. Le reste est consacré au cheminement des personnages de la série, qui 7 ans après les événements de la saison 4, recherchent tous une rédemption sans vraiment vouloir changer leurs habitudes. Cela amène de sublimes confrontations donnant des moments purement cinématographiques : ce sont des scènes parfaitement maîtrisée, mais qui combinent leur excellente réalisation avec le fait que les heures passées de la série ont amené très intelligemment à déclencher les actions des personnages, tout en nous préservant des surprises à nous, spectateurs.
À cela s’ajoute un élément unique à cette saison : la nostalgie de Nucky Thompson et ses flash backs. C’était casse-gueule, d’autant plus que tous ces moments cruels nous ont été racontés par bribes au cours des précédentes saisons, et qu’on aurait pu se passer de laisser ces moments horribles à l’imagination. Mais l’intelligence de l’écriture et de la réalisation font qu’au contraire, on suit avec beaucoup de plaisir ces flash backs, on découvre de très bons acteurs jouant le jeune Nucky, et l’ensemble me rappelle furieusement la Jeunesse de Picsou (BD de Don Rosa), ou au fur et à mesure des aventures du jeune Canard, les éléments constitutifs et déterminant du personnage se font jour : cela ne change rien à la façon dont on voit Nucky, mais cela éclaire parfaitement le dénouement que la série lui réserve. Au fil de cette saison, chaque personnage a eu le droit à une fin digne de lui, et on peut dire, au terme de cinq ans, que l’on comprends enfin qui est Nucky Thompson.
Merci HBO d’avoir inventer ces personnages et ce monde haut en couleur !