Au-delà d’une dénonciation évidente d’un système capitaliste pas franchement inédite même pour une œuvre adressée aux enfants, Bob l’éponge est en premier lieu un hommage aux marginaux.
La série met en opposition une ville, Bikini Bottom, dont tous les habitants sont des clones aux occupations identiques, et nos personnages principaux qui vivent en périphérie.
Que ce soit Carlo le calamar à l’esprit raffiné, cultivé et doux rêveur qui souhaite vivre de son art mais dont les ambitions ont fait qu’il n’a pas voulu rentrer dans le moule ni accepter le sort que la société a voulu lui imposer, ou évidemment Bob et Patrick, deux idiots qui n’ont que des activités d’enfants, et ne sont donc pas considérés par la ville où la normalité est le maître mot.
Le passage à l’âge adulte est un thème récurrent à travers les premières saisons, on se souvient des épisodes où Bob essaye d’être accepté parmi la société en impressionnant les foules, que ce soit en jouant le comique en craquant son pantalon ou encore en imposant le respect avec de faux muscles. Sandy l’écureuil est celle qui rappelle Bob à l’ordre et lui montre la voie. C’est d’ailleurs la seule qui, tout en vivant à l'extérieur de la ville, semble être épanouie sans être marginalisée. Elle a su trouver son propre chemin et ne pas suivre celui qu’impose la société, ce qui est représenté par le fait qu’elle est le seul animal terrestre dans Bikini Bottom. Malgré tout, elle a su s'intégrer à la ville et ses habitants, se joint à des activités de groupes et est appréciée.
Bob, jusqu'alors tiraillé d'un côté par ses loisirs éphémères et marginaux et de l'autre par son métier qu'il prend très à coeur, va doucement s'ouvrir à la vie adulte (sans passer par la case adolescence visiblement), mais en restant fidèle à lui-même.
Dans le même ton, on retrouve le premier film (et également dernière participation à la série pour son créateur) dans lequel Bob et Patrick découvrent qu’être adulte ne signifie pas se comporter comme des héros ni porter une (fausse) moustache mais bien une volonté de prendre des responsabilités et d’aller au bout de ce que l’on entreprend, et ce, sans se priver d’avoir les loisirs les plus stupides qui soient à côté.
Sur de nombreux points, la série me rappelle Scrubs sortie deux années plus tard qui présente des personnages similaires (Bob et Patrick pour JD et Turk, Carlo-Cox, Krabs-Kelso) ainsi qu’un même discours sur l’immaturité dans un monde adulte (thème récurent des années 2000s, j'ai l'impression)
Dans les deux séries, le personnage principal finit par accepter ce rôle d’adulte tout en conservant les activités dignes d’un enfant de huit ans, laissant derrière lui les regards méprisants de gens beaucoup trop normaux.
Au revoir M. Hillenburg. (1961 – 2018)