Pour une raison un peu obscure, on oppose régulièrement Belmondo et Delon sur la seule base que le premier serait "Nouvelle Vague" tandis que le second se serait cantonné à du cinéma de papa. Evidemment, c'est une opposition qui ne repose sur rien. Non seulement les deux ont collaboré avec les mêmes réalisateurs pour la plupart, mais surtout, Plein soleil entre parfaitement dans ce mouvement, si tant est qu'il existe. Même démarche, mêmes intentions. Il suffit de revoir la fameuse scène du marché ou de la tempête en mer dans laquelle l'acteur se débrouille comme il peut pour tenir la barque...
On serait tenté de résumer le film à Delon tellement il bouffe l'écran, et à juste titre... un premier film qui explique facilement la fascination qu'il exercera sur Visconti et Melville quelques années plus tard. Ici, tout le mérite revient à René Clément, qui n'est pas seulement brillant metteur en scène mais surtout excellent directeur d'acteurs, comme il l'avait déjà démontré avec Jeux interdits, un de ces rares films où les gamins de 10 ans jouent à niveau égal avec les adultes. Non content d'avoir mis en lumière une icône du cinéma français (quand il n'était pas encore tout à fait insupportable...), Plein soleil est facilement le meilleur Delon, celui qui exploite le mieux son regard et son visage d'ange qui arriverait presque à nous faire oublier le personnage détestable derrière. Et ça tombe bien, c'est un peu le sujet du film qui parle d'apparence et de superficialité...
Accompagné par une superbe partition de Nino Rota, un cadre idyllique et une photo au top, toutes les conditions sont réunies pour en faire un des meilleurs polars qui soit.
1960 aura décidemment été une année incroyable pour le cinéma européen.