Chaque saison, on a un animé qui ne paye pas de mine mais qui, par bouche à oreille fait parler de lui. Durant la saison d'hiver, il y en a eu deux : Akiba Maid War et Bocchi the Rock.
Tiré d'un Yankoma racontant les déboires de quatre lycéennes qui tentent de monter un groupe de rock, Bocchi The Rock prend la petite bd rigolote et la secoue dans tous les sens pour en faire un des meilleurs animés de la saison.
Au niveau du scénario, la série s'en tire très bien puisqu'on a pas vraiment l'impression qu'il s'agissait d'une suite de petits gags. La série montre une progression dans son intrigue et dans l'évolution de ses personnages, en particulier Bocchi, la guitariste très douée mais en proie à une forte anxiété sociale. Le personnage passe de "tellement timide qu'elle chante sur scène dans un carton" à "capable de jouer au festival du lycée."
Le groupe autour d'elle, "les attaches" évolue lui aussi avec la leadeuse du groupe qui tente de maintenir le groupe à flot, la bassiste asociale (et radine) et la chanteuse enthousiaste mais débutante. Et à tout cela se greffe des personnages un peu con comme la petite soeur de Bocchi qui est son exact opposé, la tenancière du bar concert blasée ou la vétérante du rock alcoolique (qui tente de soutenir Bocchi.)
Mais c'est surtout au niveau graphique que la série s'est fait connaitre : alignant les blagues graphiques, elles ont eu pour effet de montrer l'angoisse de Bocchi sous des formes tellement diverses : elle devient mal dessinée, se transforme en zig-zag, rêve en stop-motion, ou devient une espèce de création 3D dégueulasse moche. En plus de ça, le studio a le bon goût d'aligner les références diverses et variées au monde de l'anime.
Étrangement, Bocchi the Rock a réveillé des souvenirs en moi. Ceux datant d'une époque où, adolescent, j'étais moi aussi en proie à l'anxiété sociale. Je me souviens avoir tourné autour d'un bar où un copain m'avait invité sans me résoudre à y rentrer. Ou attendre au téléphone l'appel d'une personne "pour qu'elle confirme" un rendez-vous, alors que celle-ci me l'avait déjà confirmé. J'avais envie qu'on me confirme qu'on veut bien me voir. Du coup, la personne n'a pas appelé, je ne suis jamais sorti de peur de me planter et je lui ai posé un lapin.
Et ça, un animé qui réussit à parler à des choses que j'avais enfouie, c'est très fort !