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BoJack Horseman
7.6
BoJack Horseman

Dessin animé (cartoons) Netflix (2014)

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When's the last time you were actually happy?

La difficulté d'écrire une critique réside dans la comparaison avec les critiques déjà existante. Si vous cherchiez un résumé de Bojack Horseman, une raison de commencer la série ou au contraire une analyse détaillée de la richesse de celle-ci, vous n'auriez aucune raison de lire ce texte. D'autres ont déjà parlé de Bojack Horseman de manière bien plus éloquente et plus pertinente que moi. La question se pose alors: que reste-il à dire? Quel est l'intérêt d'une critique, si ce n'est de parler de mon expérience, de ma relation avec Bojack Horseman?


La première impression que j'ai eu en regardant Bojack Horseman était que le personnage principal était absolument insupportable. Je haïssais sa suffisance, son mépris au début. Et puis au fil des épisodes, c'était son incapacité à se reprendre en main, à changer, à voir tous ceux qui l'entouraient et pour qui il comptait qui m'énervait. J'avais l'impression de voir une énième série avec un anti-héros antipathique et cynique, qui n’évoluerait pas d'un iota et je ne comprenais pas le succès de la série.


Mais une des choses les plus marquantes de cette série et la manière dont on s'identifie progressivement au personnage, comment peu à peu, on découvre ses failles, ses sentiments, et à un moment donné, on réalise que le personnage représenté, celui qu'on a tant haï est soi même. Ou plutôt une caricature de nous-mêmes, humains, désespéré, cherchant en vain un sens, une manière de rattraper ses erreurs tout les refaisant, encore et encore. La série sera d'autant plus marquante si on est soi même de nature pessimiste. Bojack a une succession d'épiphanies, de moments où il se reprend en main mais le spectateur, comme le personnage d'ailleurs n'est pas dupe. L'être humain cherche-il son propre malheur? Peut on réellement être heureux? Vous avez 4 heures ou 3 saisons, au choix.


Tout le monde se projette dans Bojack, ou dans un des personnages de la série tout aussi névrosé (you are secretariat après tout): Bojack, qui recherche le bonheur et la reconnaissance, courant après une gloire passée, qui passe son temps à penser que bientôt, quand il aura accompli quelque chose, il sera heureux, qui passe de désillusions en occasions ratées, Diane, qui parait au début l'un des personnages les plus équilibrés mais qui en réalité est incapable d'embrasser la désinvolture de Mr Peanutbutter ou Todd, dans sa quête d'affection et d'utilité, malheureux dès qu'il se retrouve sans distraction.


Mais le génie de Bojack Horseman vient également de son évolution. Là où une autre série aurait pu répéter à l'infini le schéma de la première saison, faisant de Bojack un raté allant d'échec en échec, Bojack Horseman se renouvelle, permettant d'aborder de nombreux autres thèmes, comme la gestion de la célébrité. Mais les thèmes abordés restent les mêmes : la recherche du bonheur, le sens de la vie... La série n'offre pas de réponse simpliste mais une multitude de réponses incarnées par chacun des personnages. Chaque personnage a en effet une manière différente de combler son vide existentiel: en s'occupant avec des distractions futiles, en se droguant, en cherchant à se rendre utile ou à laisser une œuvre à la postérité, en cherchant un sens avec la religion (improv is NOT a cult) ou des podcasts de self-improvement, en s'enfonçant dans la dépression voir en se suicidant. (La série abonde en références à l’existentialisme ou au mythe de Sisyphe de Camus mais cette vidéo de Wisecrack en parlera beaucoup mieux que moi (pas mal de spoilers attention)).


Mais, et ça peut paraitre étonnant en lisant mes premiers paragraphe, la série est extrêmement drôle. Là où la série se trouve géniale, c'est dans son humour et son sens de la parodie. Un gag récurrent est par exemple lors de flash back, les références abusives et hors contexte à la période où l'action se situe. Les dialogues sont également très drôles et c'est la meilleure exploitation d'un univers anthropomorphique que j'ai jamais vue (“I really shouldn’t eat chocolate because it can literally kill me.” “Story of my liii-iiiife”), même les problèmes récurrents de ce type d'univers comme la cohérence de scènes où des animaux mangent de la viande sont expliqués. Non vraiment, c'est un des gros point fort de la série, et ça permet de symboliser énormément de choses tout en permettant pleins de gags.


L'humour est également un humour noir à l'image des idées noirs de Franquin ou de certains épisodes des Peanuts (auquel il est d'ailleurs fait référence dans la série) et absurde. La série est une parodie du monde d'Hollywood (avec par exemple un épisode traitant de l'impunité des célébrités) mais de manière plus large de notre société, et encore une fois, l'utilisation des animaux montre sa pertinence.


Donc voilà pour moi Bojack c'est ça, une série extrêmement drôle, beaucoup plus subtile et profonde qu'on pourrait le croire au visionnage des premiers épisodes, qui m'a plongé dans une déprime intense après certains épisodes mais qui m'a également énormément fait rire, des personnages fragiles et extrêmement attachants (j'insiste mais l'anthropomorphisme participe aussi à rendre les personnages attachants, que ce soit avec Princess Caroline jouant avec une boule de papier froissée ou Mr Peanutbutter se secouant pour se sécher), une série qui est devenu au fil de mes épisodes une de mes séries préférées, tant elle résonnait en moi et au fur et à mesure que le désespoir des personnages se mêlait au mien. Mais bon, quelque part, it gets easier.


Update : bon plein de gens ont vu cette critique visiblement, je l'ai écrite il y a un moment donc il y a sans doute beaucoup de choses sur lesquelles je ne suis plus d'accord (pourquoi je ne la modifie pas alors? la réponse est dans mon nom). Je voulais juste parler en 2 mots de la saison 4 qui confirme mon amour pour cette série qui est sans doute une de mes préférées. La saison 4 a surpassé toutes mes attentes, cette série est incroyable dans son renouvellement et dans l'évolution de ses personnages, et surtout Bojack change ou plutôt essaye de changer et ce simple fait m'a rendu vraiment heureuse. Pour la première fois, il s'intéresse à d'autres personnes et l'unique "fuck" de la saison ne brise pas définitivement sa relation avec quelqu'un (si vous ne voyez pas de quoi je parle, les auteurs n'utilisent qu'un "fuck" par saison, et chacun d'entre eux a une très grande importance) mais au contraire permet d'amorcer l'épisode 11, un des épisodes les plus poignants de la série. Bref j'ai tellement, tellement hâte de voir la suite et la scène finale de la saison redonne, enfin, espoir.


PS : je ne l'ai pas précisé dans ma critique initiale mais il y a plein, PLEIN de détails cachés, de continuité dans les gags en arrière plans, de références et le subreddit de la série est génial pour les trouver.

Rototolescargot
10
Écrit par

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Créée

le 23 déc. 2016

Critique lue 6.7K fois

82 j'aime

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Rototolescargot

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