Taiyou Matsumoto et moi, c'est une grande histoire d'amour. Je l'ai découvert avec le génial Amer Béton et je me suis aussitôt ruée sur toutes ses œuvres présentes à ma bibliothèque locale. Du poétique Samouraï Bambou au nerveux Ping Pong en passant par l'inégal mais émouvant Sunny, je suis arrivée à Gogo Monster. Ça a été une des plus grosses claques de 2015. Une claque graphique d'abord avec ce dessin si caractéristique de Matsumoto, si original auquel je ne peux pas trouver d'équivalent. Un trait un peu tremblé, des noirs et blancs parfaits, une absence notoire de trames. Un dessin peu réaliste mais qui colle parfaitement à l'ambiance du bouquin et à son histoire. Et quelle histoire! On retrouve les thèmes abordés dans de nombreuses œuvres de Matsumoto, l'enfance, la différence, l'exclusion, la pression sociale, l'imagination comme refuge en marge de la folie. Le héros, Yuki Tachibana, un jeune garçon solitaire, perçoit un autre monde peuplé de monstres dirigé par leur chef, Superstar mais ce monde se mélange peu à peu à la réalité... Le mélange entre réalité et imagination et les visions du héros sont poussés à leur paroxysme jusqu'à un final bouleversant. Les personnages secondaires sont très attachants, du vieux jardinier à « QI » un mystérieux garçon qui se cache sous un carton en passant par l'école (qui à l'instar de la ville dans Amer Béton, est un personnage à part entière) avec le fameux 4ème étage. Au final, on sort de ce manga dans un état second, sans être sûr d'avoir tout compris et avec une mâchoire dans un assez mauvais état à force de s'être décrochée devant la beauté des planches. A lire absolument.