Boku no ita jikan
7.2
Boku no ita jikan

Série (2014)

Depuis Orange Days, je dois dire que je cherchais encore un drama japonais qui parviendrait à me faire ressentir ce type d’émotions et Boku no Ita Jikan y est parvenu avec une justesse et des émotions jamais amplifiés.

Car oui, c’est un vrai et sincère coup de cœur que j’ai eu pour ce titre. Et que de larmes, que de larmes versées pour ce drama. On m’avait prévenue : « Prépare tes mouchoirs... » et je ne peux que confirmer qu’il faut réellement se préparer parce que quand je dis que ce drama fait mal, il appuie réellement sur notre cœur.

Bien sûr, j’avais malgré tout quelques réserves. La première : la crainte que l’on surjoue trop dans le pathos en abordant une maladie déjà pas évidente. La deuxième : un surjeu chez les acteurs. J’ai la fâcheuse manie de trouver le jeu des acteurs japonais moins concluants que ceux des coréens. Mais il n’en est absolument rien, puis le simple fait de voir le nom de Haruma Miura suffit quelque peu à effacer les craintes.

Boku no Ita Jikan parvient surtout à éviter tous les écueils qui auraient pu le faire tomber dans le drama trop larmoyant car avant de parler de la maladie, il traite surtout d’autres aspects bien ancrés dans la vie de tous les jours et c’est un point que j’ai réellement aimé. Pourtant, dès le premier épisode, on se dit : « Mince, ils vont attaquer directement sur la maladie et cela va être fini pour moi, je vais pleurer. » Mais en fait non, car ce procédé va surtout servir à montrer une lente évolution de la vie de Takuto Sawada. Un personnage qui n’aura de cesse d’obtenir mon admiration.

Ce qui est donc intéressant dans un premier temps, c’est réellement de découvrir la vie du jeune étudiant qu’est Takuto. Un étudiant en fin d’année qui doit se confronter à la dure réalité et trouver un travail. Et autant dire que c’est un parcours du combattant. Dans une société où être employé semble vu comme un Graal, autant dire que la concurrence est rude. Le drama pointe astucieusement toutes les failles de la société japonaise montrant la pression qui règne sur les épaules des étudiants sortant de l’université et surtout le regard que porte cette même société quand ils ne parviennent pas à trouver un emploi. Pour Takuto, c’est par exemple le regard de ses parents avec un père médecin qui n’attend qu’une chose : que son fils travaille dans son hôpital histoire de lui assurer un métier administratif. Pour sa mère, elle a totalement occulté son fils, pas forcément consciemment car elle l’aime, mais tout simplement parce qu’elle a reporté toute son attention sur son cadet, Rikuto, qui incarne « l’avenir » de la famille. Aussi, on en voit les dérives quand on n’arrive pas à décrocher un travail. Le suicide est évoqué, le rejet également, le désespoir de voir arriver sur son téléphone une réponse négative. C’est quelque chose qui est formidablement bien traité. De même que lorsque les personnages décrochent un travail, on a l’impression que plus loin que la sécurité d’avoir un emploi, c’est surtout le sentiment de soulagement qui prédomine : avoir un emploi, c’est ne pas être une tare. Par ailleurs, une fois que Takuto a un travail, il doit en plus subit les pressions de ses collègues, toujours en quête de rentabilité. Mais cette recherche de « quiétude » pour Takuto va passer malgré tout par des sentiments très contradictoires chez lui et ce qui est plutôt bien traité, c’est le fait que malade ou non, ce personnage conservera toujours des sentiments très humains négatifs ou positifs. On voit ainsi la rivalité et jalousie qu’il éprouve à l’égard de son frère, d’autant que ce dernier manque d’une diplomatie incroyable et enfonce son frère sans faire attention (il s’en rendra compte par la suite), mais on remarque surtout que Takuto cherche constamment à avoir l’approbation de ses parents. Il voudrait être « ce fils » qu’il n’est pas mais il a aussi envie de répondre à ses propres aspirations. Cette dualité est développée tout au long du drama jusqu’à ce qu’il y ait acceptation des deux côtés. Mais je reviendrai sur la thématique familiale par la suite.

Forcément, il faut passer par le point le plus terrible de ce drama qui est la maladie. Le simple fait de me remémorer ce drama me donne déjà quelques frissons car j’ai vraiment souffert avec le personnage, surtout quand il atteint des moments critiques. Le titre n’est pas anodin, puisqu’il signifie « les heures de ma vie », mais c’est surtout parce que l’on suit la lente progression de cette maladie dégénérative et le fait que le personnage perde aussi bien son autonomie que ses repères. Quand le personnage commence à prendre conscience de son état, il va faire quelque chose que beaucoup d’êtres humains peuvent faire : il va nier cette réalité. Aussi, le personnage va pendant un certain temps refuser sa maladie, pensant qu’il s’agit d’un état passager (et en y réfléchissant : qui n’a jamais été victime d’une faiblesse musculaire ?). Sa réaction est donc tout ce qu’il y a de plus crédible. Pourtant, au fur et à mesure qu’il s’informe sur internet, force lui est de constater que tous les signes sont bien là. Mais à nouveau, le personnage pense que c’est impossible. C’est à partir du moment où il accepte sa maladie qu’étrangement les choses vont s’imposer à lui. Bien sûr, cette prise de conscience ne se fera pas sans quelques sacrifices dont le plus important : l’amour qu’il venait juste de trouver. Oui, ce n’est pas quelque chose de nouveau, j’ai souvent vu des dramas où le personnage renonce à l’amour car il se sait malade (je pense notamment à A thousand day’s promise), mais cela fait peut-être plus mal car Takuto avait trouvé ce qu’il lui manquait avec Megumi. En outre, on finit par s’attacher à cette romance, alors obligatoirement, on a mal pour le personnage. Il choisit d’affronter sa maladie seul, simplement pour ne pas être un fardeau pour les autres. Mais Takuto va finir par se rendre compte que s’il accepte sa maladie, les autres doivent aussi le faire. Et d’une manière particulièrement ingénieuse. Ma partie préférée est sans aucun doute quand le personnage choisit d’expliquer sa maladie à travers un courrier qu’il adresse à ses collègues. Pourquoi j’ai aimé cela ? Tout simplement parce que la réaction des collègues est là encore très juste. J’avais peur que cette révélation soit un frein, surtout dans une société où le travail de qualité est souvent requis, mais en progressant dans le drama, on va voir comment cette même société va s’adapter à la maladie de Takuto. Certes, cela pourra sembler un peu idyllique (on sait très bien que dans notre société actuelle, les handicapés n’ont pas réellement accès à tout), mais justement, c’est peut-être cela qui est pointé du doigt dans le drama : amener les gens à plus d’ouverture et à voir plus loin que le bout de leur nez. J’avais peur qu’il y ait un sentiment de pitié pour le personnage chez ses collègues, mais on voit réellement qu’une relation de confiance s’est établie entre Takuto et ces derniers. Si bien que finalement, l’entreprise va carrément aménager le travail de Takuto en fonction de ce qu’il parvient toujours à faire. Cette partie est extrêmement touchante. D’autant que plutôt que de le voir comme un fardeau, l’entreprise aura réellement à cœur de montrer qu’il fait partie intégrante de la société (même quand le personnage ne sera plus réellement capable de faire quoi que ce soit).

La progression du drama devient quand même de plus en plus compliquée. Si Takuto « encaisse » ses nouveaux signes, il reste qu’il est difficile de rester de marbre quand le personnage ne peut plus se doucher, s’habiller, faire ses besoins et par la suite manger seul. Lorsque la maladie laisse entrevoir que la fin pourrait être là, à nouveau, je défie quiconque de retenir ses larmes. D’autant que le moment le plus mémorable du drama est sans aucun doute quand le personnage fait une conférence dans un lycée autour de sa maladie. La lucidité de Takuto, le choix de ses mots associés à sa décision finale sont un grand moment. Son discours touche d’une force qui ne peut que nous faire nous sentir petits face à ce qu’il vit. Je ne vous raconte pas le torrent de larmes à ce moment… Le plus beau dans cette maladie (cela peut sembler paradoxal à dire, mais pourtant, c’est bien approprié), c’est qu’à chaque moment, on ne voit jamais le personnage sombrer réellement. Certes, Takuto reste humain, il a donc des périodes où il réagit comme tel : il a peur de mourir, il a peur de laisser les gens qu’il aime, il a peur de ne plus être maître de son corps, mais malgré tout, il fait preuve d’une force de vivre saisissante. On voit parfois que même dans certains détails, il y a quelque chose de touchant qui se dégage comme les fritures de poulet. S’il choisit ce qu’il fait à la fin, c’est parce qu’il ne veut pas abandonner, même s'il sait pertinemment que ce sera dur. Et d’ailleurs, les dernières images sont très symboliques (c’est vraiment beau *_*).

Bien sûr, on ne peut évoquer la maladie sans passer par les conséquences qu’elle a sur l’entourage. En premier lieu, la famille de Takuto. Alors que la famille paraissait quelque peu éclatée, on aurait pu craindre le pire. Pourtant, c’est face à l’épreuve que les liens se soudent… Et c’est fait d’une très jolie façon. Tout d’abord, la relation entre Takuto et son petit frère va se trouver changé. Surtout quand le frère va passer par une longue phase de remise en question où il va même se retrouver en position de hikikomori. Lui, le petit frère sur qui tout reposait va redescendre de son piédestal quand il va se rendre compte qu’il n’a pas de vie sociale. Takuto sera le premier à s’en rendre compte et il va aider ses parents à en prendre conscience. Le petit frère va apprendre au contact de son grand frère, qui même malade, va lui servir de réel exemple. J’ai beaucoup aimé la façon dont il évolue et dont il essaie de faire attention aux mots qu’il emploie. Cela le rend assez attachant. Par ailleurs, la mère va également se remettre en question comprenant qu’elle a totalement abandonné son fils, avant même qu’il ne soit malade. La façon dont il lui révèle sa maladie est déjà une façon de montrer que la mère a toujours eu un regard absent sur son fils et quelque part, j’ai compris que Takuto agissait de la même manière qu’elle agissait avec lui, si bien que cela va produire un vrai électrochoc chez elle. Derrière, on va aussi comprendre que la mère au foyer possède aussi son propre poids puisque c’est vraiment à elle que revient l’éducation des enfants (ou du moins, c’est l’impression que cela donne au Japon). A partir du moment où Rikuto se cloitre dans sa chambre, elle subit toutes les remarques de son mari. Mais ce dernier ne sera pas en reste puisqu’il lui faudra aussi prendre conscience de ses fautes. Il y a notamment une phrase très forte qu’il dit à Takuto et qui est, en réalité, un « Je t’aime » voilé (la pudeur masculine). La famille va enfin parvenir à trouver un équilibre là où on aurait pu penser qu’elle allait décliner. Une cohésion qui va trouver une finalité avec un très beau message des deux enfants à l’attention de leurs parents (ce passage est trop mignon, d’autant que l’on a réellement pris des photos des acteurs plus jeunes pour donner une crédibilité). Mais si le noyau familial est touché, le noyau amical l’est tout autant. Là encore, Takuto va bénéficier d’un soutien sans comparaison de ses amis, notamment Mamoru, qui en plus d’apporter la petite touche comique se révèle être un vrai ami dans le sens le plus noble du terme. Si les amis ont parfaitement conscience de la dureté de la maladie, ils agiront comme Takuto, montrant leurs faiblesses, seulement en privé.

Mais Boku no Ita Jikan, c’est aussi une histoire d’amour… Contrariée (ben oui^^). Une jolie histoire d’amour qui n’est ni trop lourde, ni trop présente, juste ce qu’il faut. Takuto et Megumi sont deux personnages qui se sont trouvés d’une manière étrange, mais qui finalement étaient destinés à rester ensemble, malgré leur séparation. En outre, ils se comprennent dès le départ, sans doute parce qu’ils sont dans la même galère. Quand on les voit, on a l’impression que l’alchimie est innée entre eux. Tout coule de source en fait. Aussi, même si cette romance est remise en question par Shigeyuki-sempaï, on ne peut s’empêcher de penser que ces deux-là ne peuvent se quitter. Bien sûr, il y aura quelques souffrances dans le lot et pour Megumi, la décision ne sera pas compliquée dans l’absolu, car elle a toujours su ce qu’elle voulait, mais elle sera difficile parce qu’elle choisit de renoncer à un confort et de blesser sciemment une personne. L’amour ne se commande pas et finalement, malgré tout ce qu’on peut lui dire, elle sera un soutien indéfectible pour Takuto, même quand ce dernier cherchera à la repousser. J’ai vraiment apprécié ce personnage parce qu’il évolue positivement. Au début, je la trouvais timorée, mais quand elle comprend ce qu’elle veut faire dans sa vie, quand elle mûrit au contact de personnes alitées, on voit un vrai changement chez elle. En fait, quand on regarde ce couple, on se dit que c’est vraiment cela l’Amour.

En ce qui concerne le jeu des acteurs. Totalement convaincue par les personnages principaux ! En premier lieu, Haruma Miura est juste énorme dans ce rôle. Le meilleur rôle que j’ai pu voir de cet acteur jusqu’à présent. Je me suis souvent dit que cela devait être difficile pour lui de ne pas bouger son corps, mais il y a un indéniable travail là-dessous. Que ce soit dans sa manière de détecter les signes ou quand la maladie est clairement déclarée, l’acteur est toujours très juste. D’autant qu’il n’y a aucun surjeu, on a l’impression qu’il comprend cet état, que c’est imprégné en lui. On sent que l’acteur a fait un vrai travail de composition. J’ai été à de très nombreuses reprises touchée par ce qu’il véhiculait. Mikako Tabe qui incarne Megumi est aussi une actrice plutôt touchante. J’avais un peu de mal au départ, je ne sais pas, je trouvais qu’il lui manquait un éclat, mais au fur et à mesure que son personnage « grandit », l’actrice devient plus flamboyante d’une certaine façon. Le meilleur ami de Takuto est la petite touche drôle du drama. J’ai apprécié ce personnage, même si je pense qu’il aurait pu avoir une dimension plus importante tout comme la meilleure amie de Megumi. Néanmoins, j’ai aimé le fait qu’on leur accorde aussi leur histoire même si elle reste minime. Le seul acteur avec lequel j’avais un peu de mal, c’est Takumi Saito qui incarne Shigeyuki. Il n’est pas mauvais, mais je crois que comme j’avais du mal avec son personnage, j’ai eu du mal avec l’acteur.

Quant à l’OST, presque un sans faute. Les morceaux sont super le plus souvent (surtout quand on atteint des moments très dramatiques). Je n’ai pas forcément trop accroché à la chanson « romantique ». Je trouve que le couple méritait mieux en fait, mais les thèmes sont magnifiques. Puis le petit opening avec les larmes du personnage, il faut avouer que cela donne le ton et que c’est vraiment en accord avec le drama. La réalisation est réussie. On sent qu’au-delà de ce qui se dégage, il y a aussi un message à faire passer et un vrai souci du détail qui laisse apercevoir un travail sérieux. Je pense que si on cherche à nous sensibiliser, l’équipe même a dû être profondément marquée.

Boku no Ita Jikan est magnifique, tout simplement <3
Heyden17
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le 18 nov. 2014

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Heyden17

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