Colosse aux pieds d'argile

Bokurano, c'est l'histoire de 15 jeunes qui vont devoir défendre la Terre dans un robot géant. Au début, ça a l'air un peu simpliste, au milieu on sait pas trop, à la fin finalement si.
Le principal souci, c'est que 15 jeunes, sur 24 épisodes, c'est sans doute un peu trop. Autant je raffole des animes qui regorgent de tonnes de personnages géniaux, autant le nombre de personnages dans Bokurano est mal géré. Car au final, il n'y en a qu'un ou deux qui sortent vaguement du lot. Pire : il y en a qui se ressemblent tant physiquement qu'au final, je n'ai compris qui ils étaient que lorsqu'il fut trop tard.
Car oui, je vous spoile à peine : le principe, c'est que tout le monde meurt. A partir du moment où l'on a compris cela, et vu en plus un ou deux épisodes un peu limites moralement, on se dit que ce n'est peut-être pas si innocent que cela, et que l'on a affaire à une version trash d'Evangelion (enfin, The End of Evangelion mise à part). Je vous rassure tout de suite : il n'en est rien. En fait, du début à la fin, le scénario est ultra-classique, ce qui a l'effet secondaire dévastateur de pratiquement réduire à néant l'identification.
Car oui, je vous l'ai dit, au final tous les personnages se ressemblent. Comme ils sont presque tous introduits en même temps, et que des gens meurent tout le temps, on n'a le droit à un approfondissement de leur personnalité et de leur histoire que dans l'arc où ils vont y passer, on le comprend très vite. Du coup, si on commence à s'intéresser à untel, c'est que dans maximum 20-30 minutes il va clamser. Pas de suspense, du coup, on ne commence même pas à le plaindre quand on nous étale sa vie et on a juste envie de couper court aux jérémiades et de passer à la suite.
[ATTENTION, POSSIBLE SPOILER INDUIT]
Le problème, c'est que du fait de ces différents facteurs, la suite, on la devine vite. Le scénario est si classique qu'on a tôt fait de réaliser que si on apprend ne serait-ce qu'un petit truc sur un personnage et qu'il n'est pas mort à l'épisode d'après, c'est que c'est lui le « héros » final. Si on est assez attentif, (et qu'en plus on connaît un petit peu la linguistique japonaise), épisode 5 (dans mon cas, mais peut-être même avant) on sait déjà qui sera le dernier debout. Et ça, c'est le plus gros reproche que j'ai à faire à Bokurano.
[FIN DU POSSIBLE SPOILER INDUIT]
Certes, il y a quelques surprises, quelques révélations - déjà, elles ne sont pas particulièrement bien amenées, mais passons, ça reste tout à fait correct. Mais les grandes lignes du scénario, celles qui devraient nous tenir en haleine, sont discernables de part en part pour peu que ce ne soit pas notre premier shonen. Alors, soyons clairs : ça se laisse regarder. Certains passages sont même vraiment intéressants. Mais la construction est tellement évidente qu'on voit dans les événements à venir comme dans du verre.
En fait, ça m'a juste rappelé la fastidieuse épreuve de rédiger une dissertation de philosophie alors que l'on a déjà déterminé le plan : faire du remplissage jusqu'à la conclusion.