Une légende urbaine à propos d'un certain Boogiepop court dans les couloirs du lycée, en ce moment. Apparemment, cet être surnaturel, ce dieu de la mort, viendrait faucher la vie de jeunes filles en plein âge d'or de leur beauté, avant qu'elles ne deviennent laides. Cette légende est cependant revenue en force, car plusieurs cas de disparitions inexpliqués de lycéennes bouleversent tout l'équilibre d'un cadre scolaire parfaitement huilé.
Est-ce Boogiepop qui serait derrière tout cela ?
Pour le savoir, nous, spectateurs découvrons la vie quotidienne de cinq personnes qui vont, durant un temps, côtoyer et affronter l'irréel pour éviter une crise mondiale sans précédents. Car la ville est en proie à différents êtres fantastiques qui agissent dans l'ombre et dont les motivations sont incompréhensibles et nébuleuses.
Le travail du studio Madhouse sur cette adaptation du roman Boogiepop est d'une perfection inégalée. Le travail sur l'ambiance sonore permet une immersion totale durant les pérégrinations existentielles de chacun des lycéens que l'on suit, et offre des séquences poignantes d'une intensité rare. La composition musicale est un pivot de l'œuvre, avec notamment un opening explorant la dualité complexe d'un personnage, et un ending tout en minimalisme et aux sonorités uniques.
Pourtant, il arrive que cette dite musique se coupe brutalement, comme pour nous tirer de notre torpeur et de notre visionnage passif. Comme si l'œuvre sortait de l'écran pour nous dire "Réveille toi".
Chaque arcs narratifs offrent à la contemplation active d'êtres surnaturels qui posent des réflexions sur la psyché humaine, sur le sens des émotions, avec une poésie intense.
Au fur et à mesure que l'univers se dévoile, on comprend que l'anime ne nous offrira les pièces du puzzle que petit à petit et si l'on est assez patient, tout viendra en temps voulu. Cette volonté d'être une création volatile en perpétuelle mutation n'est pas sans me rappeler Bakemonogatari, qui proposait un récit d'urban-fantasy complexe et qui demandait de nombreux visionnage pour être maîtrisé et acquis pleinement.
Boogiepop And Others offre lui aussi un certain temps d'adaptation, au daim de nombreux spectateurs peu friands de voir un anime difficile à cerner au premier regard. C'est d'ailleurs un fait un peu triste de voir que la plupart des réactions négatives semblent être liées au fait qu'il n'y a pas ou peu d'action. Ironique quand on voit ce que l'anime offre comme affrontements dont la fluidité est d'une qualité impeccable et dont le rythme est excellent.
Effectivement, cet anime n'est pas un anime de combat, d'action ou même de slice of life fantastique. C'est une sorte de boucle où quatre arcs narratifs convergent pour mener à la conclusion d'un tout gigantesque. C'est une énigme dont il faut trouver les indices éparpillés au sol, dont il faut bien retenir les noms des protagonistes et les liens entre chacun d'entre eux. Certes, cela demande un effort constant, et le rythme ultra soutenu (sauf coupure entre les arcs) n'aide pas, mais parfois il est bon de se dire qu'une œuvre n'est pas juste un banal récit linéaire respectant une chronologie des événements qui défile comme un tapis rouge qu'on déroulerait devant les pieds du spectateur.
Il faut parfois savoir accepter de se salir les pattes, et d'aller en dehors de ce tapis.