" Vous ne saurez pas ce qui vous frappe avant qu'il ne soit trop tard"
Birgit est premier ministre au Danemark. Un pays qui, en réalité, n'a jamais eu de premier ministre femme, une façon pour les scénaristes de mettre cette réalité en lumière. Mais, ne vous y trompez pas, ce n'est pas parce que Birgit est une femme politique dirigeante d'un pays que cette série est intéressante. Même si, le fait que le personnage soit une femme apporte un plus non négligeable (d'abord parce que tout le monde se demande toujours naïvement comment elle va faire pour ses enfants haha). Et puis ça remet en perspective (surtout à la fin de la saison 1) la question du couple : comment s'effacer pour l'autre, mettre entre parenthèse sa carrière, sa vie en quelque sorte pour être au service de son épanouissement, de son ascension au sommet de l'état ?
Parce que leur vie reste simple, ils gardent leur maison (bien qu'ils aient une résidence à disposition), les enfants restent tous simples avec les problèmes qu'ils commencent à avoir du fait qu'ils voient moins leur maman, la série mise sur l'éthique et les principes de la centriste. Ça renseigne aussi beaucoup sur la nature humaine d'un certain côté, promettant par la parole le sacrifice et le reprochant toujours par la suite dans les actes. Birgit a donc du fil à retordre de ce côté là même si, au départ, sa famille est "parfaite" et son mari un soutien précieux.
Mais là où la série est la plus intéressante, c'est dans le développement de ses personnages et de son côté purement politique et journalistique. Car, oui, cette série traite en premier lieu des rapports entre le pouvoir et la presse.
Katrine Fonsmark, jeune journaliste ambitieuse et vorace, prête à tout pour la liberté de sa profession, n'hésite jamais à aller trop loin. C'est une battante et son personnage évolue et gagne en profondeur tout au long des trois saisons.
Il y a aussi Kasper Juul, qui est certainement un des personnages les plus intéressants de cette série. Il est le lien entre la presse et le pouvoir. Cet homme de l'ombre qui met tout en oeuvre pour que la politique du premier ministre soit réglée au mieux. C'est celui qui règle les affaires les plus difficiles : la corruption, les menaces, les problèmes d'intégrité au sein du gouvernement. Il rédige les discours, parle avec la presse. Bref, il doit épouser parfaitement la manière de penser de Birgit. Malgré quelques petits accrochages en début de saison, les deux personnages se complètent parfaitement bien, leur duo fonctionne à merveille même dans le conflit qui les fait avancer (on voit bien quand leurs idées sont opposées).
C'est sur ce point que la série se développe : la question de l'intégrité, comment la conserver au pouvoir (et pour y accéder d'abord aussi), comment garder une vie, un mari, une famille et une politique intègre quand on est premier ministre et qu'il faut sans cesse jouer entre idéalisme et réalité politique. Entre alliance et discours télévisés. Quand on ne peut tenir ses ministres en laisse, quand ceux-ci, par leurs agissements, remettent directement en cause notre propre intégrité. C'est l'autorité aussi qui est en question. C'est aussi ça, diriger un pays. Car le premier ministre est comme une mère responsable des actes de ses enfants (ici ses ministres) et qui doit faire des sacrifices pour tenir rassemblée sa grande famille (la politique) et surtout garder la tête hors de l'eau.
Le scénario recèle de petites pépites, d'intrigues et développe des personnages tout aussi complexes que passionnants. Ne tombant jamais dans le cliché facile, la série offre un regard pertinent sur la politique, ses mécanismes et sur le rôle de la presse.
Tout au long des trois saisons, on découvre que, la politique, tout comme la vie et le journalisme, est un combat, celui où l'on doit toujours anticiper des coups que, pourtant, on ne peut voir venir.