Excellente série, qui dose savamment pragmatisme et idéalisme. Contrairement à "House of Cards" qui part du principe que la plupart des politiciens sont pourris et où l'on force constamment le trait - non sans talent - pour nous en convaincre, dans "Borgen" on nous montre au contraire la complexité de la réalité et les difficultés de tous ordres auxquelles sont en butte y compris et surtout les hommes et femmes dotés d'une conscience et d'un minimum d'idéal. Et ces hommes et ces femmes, parce qu'ils sont humains, parce qu'ils ne veulent asservir leur idéal à des raisons purement économiques ou le sacrifier à n'importe quel compromis douteux, ont parfois la tentation de vouloir affermir leur pouvoir au point de n'écouter plus qu'eux-mêmes. Et pour y rester, au pouvoir, tous les moyens deviennent bons, y compris ceux qui vous mettent en porte-à-faux avec toutes les valeurs que vous défendiez. Evidemment, comme la série se veut malgré tout positive et édifiante, tant la ministre que la jeune journaliste (dont le parcours constitue le contrepoint permanent du parcours de la ministre et en dit long sur les accointances des pouvoirs politique et médiatique) auront un sursaut salvateur et l'honneur sera sauf. En dépit de ce qu'en penseront les grincheux, cette fin ne me gêne pas, car l'être humain est aussi, de temps à autre, capable du meilleur et, s'il y a beaucoup d'émotions par moment, on n'est jamais dans la surenchère émotive, jamais dans la mièvrerie. House of Cards flattait notre instinct de l'immonde (fictionnel), Borgen nous fait réfléchir à la fragilité humaine, aux enjeux du pouvoir, aux modes de gouvernance, au monde dans lequel nous vivons...