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Sur le papier (partons du principe selon lequel Farhad Safinia écrit ses histoires sur du papier) Boss a tout de la promesse impossible à tenir un peu comme quand on affirme que l'on va aller péter...
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le 29 déc. 2011
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BOSS, c’est un peu comme si tu avais pris une bonne vieille série politique, l’avais plongée dans une bouteille de whisky, puis l’avais secouée avec des manigances dignes d’un épisode de Game of Thrones... le tout sans épée, mais avec beaucoup plus de poignards dans le dos. Bienvenue dans le Chicago de Tom Kane, un maire aussi impitoyable qu’un méchant de film noir, mais avec le costume impeccable et le sourire carnassier d’un prédateur qui sent que sa proie est à deux doigts de craquer.
Tom Kane, interprété par un Kelsey Grammer qui laisse complètement de côté son côté Frasier pour se glisser dans la peau d’un requin politique, est l’alpha et l’oméga de cette série. Il dirige la ville avec la fermeté d’un empereur romain, prêt à tout pour garder le pouvoir… sauf qu’il a un léger souci : il est atteint d’une maladie dégénérative qui menace de tout lui retirer. Mais est-ce que ça va l’arrêter ? Oh que non ! C’est même là que BOSS prend toute sa saveur : voir un homme qui perd progressivement le contrôle de son corps tout en essayant de maintenir d’une main de fer sa domination sur une ville entière.
Kane n’est pas juste un politicien. Il est le genre de type que tu n’as pas envie de croiser dans une ruelle sombre ou, pire, dans une réunion de conseil municipal. Sous ses airs de bienfaiteur de la ville, il est prêt à sacrifier quiconque menace son empire, qu’il s’agisse de collègues, d’alliés, ou même de sa propre famille. Chaque épisode le montre un peu plus en train de s’enfoncer dans la paranoïa, la trahison, et le chaos, mais à chaque coup qu’il prend, il contre-attaque avec une brutalité froide qui te donne des frissons. C’est comme regarder un ours coincé dans un piège, mais qui continue à mordre tout ce qui s’approche.
La ville de Chicago, elle-même, devient presque un personnage à part entière dans BOSS. Ses gratte-ciels austères, ses ruelles sombres, et ses bureaux étouffants servent de décor parfait pour les intrigues politiques et les complots en tout genre. On est loin de la ville des films touristiques : ici, tout est corrompu, depuis les trottoirs jusqu’aux étages les plus hauts du pouvoir. Si tu avais encore une once de foi en la politique, BOSS se charge de te l’écraser avec un sourire cynique. Chaque personnage que tu rencontres semble être prêt à vendre père et mère pour gravir un échelon de plus… et ceux qui ne le font pas finissent rapidement écrasés par les roues du système.
Côté personnages secondaires, on est aussi bien servis. Il y a Meredith, la femme de Kane, qui joue le rôle de l’épouse parfaite en public, mais qui, en privé, est aussi glaciale et calculatrice que son mari. Leurs interactions sont comme des duels silencieux où chaque mot cache un mensonge ou une menace à peine voilée. Et puis il y a Zajac, le jeune politicien ambitieux, qui voit en Kane un mentor, tout en rêvant secrètement de le détrôner. Spoiler : mauvais plan, parce que sous-estimer Tom Kane, c’est signer son arrêt de mort… ou du moins, son arrêt de carrière.
La série n’hésite pas à plonger dans les recoins les plus sombres de la psychologie humaine. Tom Kane, bien que terrifiant, est aussi étrangement fascinant. C’est un homme pris au piège par son propre pouvoir et sa propre ambition. Il sait qu’il va tout perdre à cause de sa maladie, mais il s’accroche avec une telle détermination que tu finis par ressentir une sorte de respect tordu pour lui. Il est à la fois le roi de Chicago et son prisonnier, et chaque épisode te pousse à te demander jusqu’où il ira avant que tout ne s’effondre.
Visuellement, BOSS est une série qui sait jouer avec les ombres et les lumières. Chaque scène est soigneusement construite pour refléter l’état d’esprit des personnages : des bureaux luxueux mais oppressants, des réunions dans des restaurants sombres où les sourires sont aussi tranchants que des lames, et des moments de solitude où Kane contemple la ville qu’il contrôle, tout en réalisant qu’il ne peut plus se contrôler lui-même. C’est sombre, c’est intense, et ça correspond parfaitement à l’ambiance de la série.
Bien sûr, BOSS n’est pas sans ses défauts. La série, avec toute sa complexité et ses personnages prêts à tout, peut parfois donner l’impression d’en faire un peu trop dans la noirceur. Les intrigues politiques, bien que fascinantes, peuvent sembler répétitives, surtout si tu n’es pas fan de complots qui s’enchaînent à un rythme aussi implacable qu’une machine de guerre. Et il y a aussi cette tendance à tout dramatiser à l’extrême, comme si chaque scène devait être une question de vie ou de mort… mais hey, c’est aussi ce qui rend le show addictif.
En résumé, BOSS est une série où la politique est une jungle impitoyable et où Tom Kane est le prédateur ultime, prêt à déchirer quiconque s’approche trop près de son trône. Si tu cherches un drame politique avec des personnages plus tordus qu’un labyrinthe de trahisons, des dialogues acérés comme des rasoirs, et une tension permanente qui te tient en haleine, BOSS est le spectacle sombre et captivant qu’il te faut. Mais prépare-toi : ici, il n’y a ni héros, ni happy ending. Seulement des survivants, et encore.
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Créée
le 22 oct. 2024
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