Cette série n’a pas bonne réputation. On croit y voir la réaction d’un Tomino alors dépressif au visionnage d’Evangelion, qui l’aurait profondément insatisfait. Qu’il ait précisé, dans une interview de 1999, avoir eu bien avant l’idée de Brain Powerd ne convaincra peut-être pas grand monde, tant les points communs semblent s’accumuler entre les deux séries, et bien souvent au détriment de celle-ci. Mais ces points communs sont superficiels.
Brain Powerd ne fait rien pour qu’on le regarde. Tomino a reconnu lui-même ne pas avoir réussi à produire une œuvre plaisante pour le spectateur. Le premier épisode nous donne pléthore de raisons d’arrêter de regarder. Une sorte de disque organique sème le désordre et finit par se métamorphoser en un robot géant devant une jeune fille qui se met à lui parler comme à un nouveau-né. Elle est confrontée à deux autres pilotes au service d’un certain « Orphan » mais parvient à s’en sortir. On assiste, toujours dans le même épisode, à une ellipse d’une année entière au terme de laquelle l’un de ces pilotes, qui avait échangé quelques mots avec cette jeune fille, décide soudainement de changer de camp et de menacer sa famille avant de fuir.
Brain Powerd demande au spectateur de faire des efforts. Non car la série serait particulièrement profonde ou complexe, mais parce qu’elle exige de lui qu’il parvienne à dépasser ses nombreuses maladresses en termes de rythme, d’animation, de dialogues entre des personnages qui passent une bonne partie des épisodes à se faire des reproches, pas toujours pour grand-chose, sur un ton mélodramatique. La musique semble souvent soit excessivement légère, soit excessivement solennelle. Les combats de méchas sont ennuyeux, répétitifs, ils se ressemblent presque tous, comme les méchas eux-mêmes, qui en plus de n’être pas très variés, peuvent sans doute être qualifiés de laids : ils ont l’air, en fait, de grands aliens humanoïdes immatures. C’est d’ailleurs précisément ce qu’ils sont.
Lorsque l’on découvre la nature de l’intrigue, à savoir l’opposition entre « Grand chers » et « Brain powerd », deux formes d’ « Antibody » du vaisseau alien « Orphan », qui chercherait à retourner dans l’espace et menacerait par là-même d’absorber l’entièreté de la vie organique terrestre, mais qui exige pour cela qu’on lui ramène davantage de ces plaques organiques qui apparaissent à différents endroits du globe, on est en droit de rester d’abord quelque peu sidéré par le caractère abracadabrantesque du scénario proposé. Mais au fil des épisodes, on observe que cette lutte entre ces deux types de méchas, pourtant tout deux « enfants » de ce vaisseau alien si subtilement nommé, fournit l’occasion à la série de mettre en scène de manière poignante certains drames humains et familiaux.
La plupart des personnages de la série souffrent de leur passé familial, et l’expriment de manière vive, radicale, peut-être ridicule parfois, mais souvent frappante et émouvante. Cette souffrance, la série parvient à la montrer d’une manière persuasive, au fil d’une intrigue qui, tandis qu’elle nous livre davantage d’éléments sur la nature d’Orphan, finit par ne plus paraître si incohérente que cela. Le message de Brain Powerd est un message d’amour, un amour qui doit avant tout se manifester au sein de la famille. Ce message, la série ne le transmet pas d’une manière particulièrement subtile, mais avec une intensité capable de toucher profondément le spectateur.