Considérée par de nombreuses personnes comme la meilleure série de tous les temps, j'ai fini par m'intéresser, un peu tardivement (plus de dix ans après ses débuts) à ce fameux show dont tout le monde parlait tant, pensant que, s'il suscitait un tel intérêt, la qualité devait être au rendez-vous.
Et pourtant, parler de qualité est un euphémisme, car Vince Gilligan nous livre là un véritable chef-d'oeuvre.
Breaking Bad, c'est d'abord l'histoire d'un homme. Un homme qui décide de faire ses propres choix. Un homme qui décide de se rendre maître de son propre destin. Un homme qui décide enfin de vivre, pour ne plus survivre.
À l'image de la chimie, sorte de troisième protagoniste principal de la série, qui, pour reprendre les mots de Walter White lui-même, est "l'étude des changements", le show nous présente l'évolution parfaitement maîtrisée d'un personnage écrit d'une main de maître, changeant du tout au tout, guidé par ses propres choix et non par ceux des autres. Par une certaine ironie du sort, après avoir longtemps vu sa propre vie influencée par d'autres, ce professeur de chimie s'éveille enfin, et, à son tour, influe sur l'existence de ceux qui l'entourent. En effet, chacune des péripéties que vivent les différents personnages de la série est une conséquence, directe ou indirecte, des actions de White, à commencer par Jesse Pinkman, dont la vie va totalement basculer suite à sa rencontre avec ce dernier.
Car Breaking Bad c'est aussi l'histoire d'une relation, d'un profond mais toxique amour quasi-filiale entre deux hommes que tout oppose, chacun donnant un sens nouveau à la vie de l'autre, mais chacun étant également néfaste pour l'autre.
C'est enfin l'histoire d'une famille, soudée, aimante. Une famille dans laquelle le spectateur se sent presque inclut, et qui se retrouve prise dans la tourmente d'événements qui la dépassent.
L'autre force de la série, c'est une large palette de personnages tous différents et tous apportant quelque chose en plus à cet univers (une touche d'humanité, de poésie, de danger...) Portés par des acteurs d'une justesse remarquable (mention spéciale pour Giancarlo Esposito, excellent dans le rôle de Gustavo Fring), chaque personnage compte, aucun ne peut être retiré sans compromettre toute la saveur de la série.
Si le show brille par son écriture et ses acteurs, la réalisation n'est pas en reste, avec une mise en scène quasi-cinématographique, nous dépeignant, au travers d'une ambiance chaude et aride propre au Nouveau-Mexique, une Amérique profonde dans laquelle nos personnages sont emprisonnés, le tout agrémenté d'un univers sonore bien particulier, entre la bande originale de la série composée par Dave Porter, participant à l'immersion dans cette violente Albuquerque, et l'utilisation d'autres titres, nous permettant de ressentir les émotions des personnages, et nous rendant ainsi totalement empathiques vis-à-vis de ces derniers.
En définitive, Breaking Bad c'est l'histoire de Walter White, professeur de chimie sur-qualifié, qui décide de mettre à profit son savoir pour produire et vendre de la drogue, bien qu'il soit totalement étranger à ce monde. Mais ce synopsis n'est que la surface de l'iceberg, car la série est bien plus que ça : une histoire captivante, mais violente, parfois drôle ou touchante, mais aussi épique, remettant en cause les limites de notre morale, une série qui ne peut laisser indifférent son spectateur, et qui nous fait nous poser une question : pourrions-nous être Walter White ?
Une chose est certaine : il y a eu un avant et un après Breaking Bad pour moi, et je ne peux que remercier Vince Gilligan pour cette expérience.