Meilleure série de tous les temps ?

On me l'a dit et répétés avant que je me risque à Albuquerque, puis pendant mon visionnage des cinq saisons, je l'ai lu ici ou sur Allo-ciné : Breakin bad est la meilleur série de tout les temps.

Elle a en effet un grand nombre de qualité. Et la diversité des goûts des copains qui me l'ont vanté aurait du me mettre la puce à l'oreille.
Evidemment la profondeur et le travail des personnages en est un atout majeur. La performance du duo Cranston/Aaron Paul est excellente, ainsi que le très attachant Dean Norris (que j'ai d'abord connu par sa performance très décevante de Under the Dome), bourru, acharné et intègre jusqu'au bout.

Le succès donc, vient sans doute de la capacité qu'a eu la série de capter l'attention à la fois par la psychologie fine des personnages, et à la fois par les scènes d'action et de violence liées au trafic de drogue et aux règlements de compte. Il y a indéniablement un certain génie dans l'accélération rapide de la fin des saisons 4 et 5, aux dénouements contraires, où le long travail d'attachement aux personnages à leur réactions et motivations payent enfin, lorsque les épisodes prennent une tournure plus violente et plus dramatique.

Dans ce travail de réalisme, on remarque en premier lieu la relation ambiguë, compliquée , parfois quasi-filial entre Walter White et le jeune Pikman, à première vue petite frappe sans intérêt mais finalement modèle de justesse dans la fragilité (là où Hank est son penchant d'homme solide mais tout aussi juste, malgré la haine entre les deux hommes). La relation entre White et Pikman a évidemment quelque-chose de fascinant, sellées par quelques actions décisives. Mais ses revirements incessant nous perdent parfois un peu, et on finit par se demander si il est réaliste ou nécessaire de passer si souvent de la haine au respect et à l'entraide.

La relation entre Water et Skyler, sa femme, montre un peu plus de stabilité, du conflit, la séparation, à la réconciliation puis finalement la corruption de Skyler par son boulot avec Ted puis plus définitivement par Walter. Mais les nombreux silences ou conflits entre les deux époux pèsent la aussi à mon sens sur le rythme de l'action.

Et il y aurait aussi sans doute beaucoup à dire sur la gamme de qualité des personnages secondaires. Finalement peu nombreux, (le calme Gus Fring, talentueux Mike, et aussi apparu tardivement le placide mais psychopathe Tod, etc... ) leur petit nombre évite une dispersion du temps à l'écran et permet une certaine richesse dans les relations qu'ils entretiennent entre eux.

Malgré tout, je persiste à penser (et écrire) que le rythme est trop lent. La précision du cadrage , le jeu des acteurs, le réalisme d'un certain nombre de leurs interaction ne peut pas servir d'alibi à tout. J'ai bien conscience qu'au delà du talent des show-runner et des acteurs, l'attachement aux personnages est proportionnel au temps que l'on passe à les suivre dans leur vie quotidienne. Mais avait-t 'on réellement besoin d'un épisode entier sur la chasse d'une mouche dans un laboratoire ? De tant de scènes banales ? A cet égard, la saison 2 a été particulièrement éprouvante.

Que ce soit claire, Breaking bad est une bonne série. Et effectivement, les deux premières saisons sont plus laborieuses que les trois qui suivent. Mais de là à la sacrer meilleur série de tout le monde dans le monde ? Quelque chose m'échappe encore, et je ne suis pas encore prêt à entamer à nouveau le visionnage des 62 épisodes. Un peu de lecture et de confrontation s'impose.