La couverture médicale américaine fait encore des ravages.
Breaking Bad nous fait suivre l’histoire de Walter White, un professeur de chimie qui, à l’aube de la cinquantaine, découvre qu’il est atteint d’un cancer. Pour couvrir les frais exorbitants des soins nécessaires à son rétablissement, et pour mettre sa famille à l’abri du besoin, il décide alors de se lancer dans la production de drogue, une drogue si addictive (et aux effets dévastateurs) qu’elle s’écoule comme des petits pains. Et il se trouve qu’il se débrouille particulièrement bien, tellement bien même, que sa méthode produit la drogue la plus pure du marché.
Walt va cependant découvrir bien vite que produire de la drogue ne sert à rien si on ne sait pas la vendre. C’est à partir de ce moment-là que ses véritables ennuis vont commencer : Walt ne devient pas immédiatement un baron du crime qui, du jour au lendemain, est capable de choisir ses associés ou de faire preuve d’autorité et de cruauté. Il n’est à ce moment-là rien de plus qu’un ancien professeur ayant raté sa chance de devenir à la fois riche, célèbre et respecté pour son talent, alors qu’il venait de fonder sa société, et c’est sous le pseudonyme d’Heisenberg qu’il va peu à peu apprendre à dominer et à inspirer la terreur, à force d’essuyer des plâtres, d’encaisser les coups et de commettre des erreurs. Lorsqu’il doit achever un homme qui voulait sa mort, il n’est pas capable d’appuyer sur la gâchette, pas plus que de viser droit. Il va trébucher, hésiter, faire des choix aboutissant sur des situations particulièrement cocasses.
Breaking Bad n’est pas une grande série parce qu’elle concerne la drogue. En ce qui me concerne, j’ai surtout eu la satisfaction de suivre deux personnages, Walter White et Jesse Pinkman, dans leur descente aux enfers, de les voir échouer, se relever, et, parfois, renverser la tendance, d’une façon souvent surprenante et spectaculaire (Walt, c’est un peu un McGyver diabolique ; donnez-lui une éprouvette et un peu de poudre et il fera des miracles). Mais malgré l’importance de ces deux protagonistes, les personnages secondaires n’en sont pas moins intéressants : la famille de Walt, par exemple, qui ne sert pas seulement à faire monter le suspense ou à mettre en valeur la double vie de ce dernier, qui a la chance d’avoir un beau-frère chez les Stups. Je dois bien avouer que je n’ai pas spécialement aimé Skyler dans les premières saisons, mais son personnage gagne en profondeur à mesure qu’Heisenberg dévore ce qui reste de Walt. Et que dire de Gustavo Fring, de Mike Ehrmantraut, de Saul Goodman ? Autant de personnages développés et brillamment interprétés.
Breaking Bad prend son temps pour poser le décor, pour tisser les intrigues et pour placer ses personnages dans des situations toutes plus délirantes les unes que les autres, avec des retournements de situation fulgurants et des moments intenses, le tout avec une bande son sublime et une photographie impeccable. Une série extraordinaire sur la consumation d’un homme à la vie plutôt ordinaire, s’achevant sur un air de rédemption, ou plutôt d’acceptation de ses actes.