Je n'aime pas Bref.
Cette série, bien que souvent drôle et parfois touchante, est une ode au "culte du branleur" : le protagoniste baigne dans des relations amicales et sexuelles superficielles voire glauques, s'habille comme un gosse et ne fait rien de sa vie... L'adulescent enchaîne pourtant soirées mondaines et conquêtes vénériennes dans un microcosme parisien qui devrait lui être inaccessible. Par ailleurs, il ressemble à une couille. Sur ce dernier point, c'est encore plus le cas dans cette suite, et d'ailleurs la majorité du casting semble s'être pris vingt ans dans la gueule, à croire que Bref 1 a été tournée en 2001. Mais enfin, si le mode de vie du casting est semblable à celui des personnages, ce n'est pas étonnant.
Bref 2 est une sorte de gros film français pour bobo quarantenaire découpé en série.
Parmi les points positifs, je dirais que voir le protagoniste enfin se bouger (à 40 ans, c'est pas trop tôt), et avoir une conclusion correcte au récit est une bonne chose.
Fabian Wolfrom, qui joue le père (ou plutôt le daron) à 25 ans, renvoie une bonne vibe à la Alain Delon, même si une fois grimé il donnait l'impression d'avoir le cancer (ironique). Je lui souhaite de pouvoir jouer dans des truc stylés de bonhomme.
Il y a du budget, la réalisation n'est pas dégueu et la BO est sympa.
Bref 2 est surtout un hymne à la déconstruction. Ce n'est pas forcément totalement con, la déconstruction. La capacité à se remettre en question et à avoir de l'empathie, c'est très bien. Encore faut-il ne pas se transformer en carpette au passage.
En effet, Bref 2 fait le choix paresseux d'une vision très binaire et caricaturale, en particulier des relations hommes-femmes, avec des mecs très méchants voire psychotiques (ou "relous", comme ils disent) et des femmes qui n'ont pas grand chose à se reprocher (ni introspection ni excuse, ça m'a sérieusement fait grincer des dents dans une ou deux scènes), même quand elles vomissent leur bile sur un homme.
Il faudrait déconstruire la déconstruction.
En parallèle, on retrouve une banalisation de la consultation chez le psy (c'est très à la mode, et Bref doit être "branchée" comme Quotidien). En tous cas, ce ressort est utilisé à outrance.
Il y a aussi pas mal de facilités scénaristiques (l'ex au cinéma, le frère qui rachète la boutique...).
Je ne sais pas ce que Samy Kantor de Parlement fout là, il n'a aucune réplique.
Wholesome comme une vidéo de Cyprien et subventionnée comme une vidéo de Bertrand Usclat, Bref 2 plaira surtout aux CSP+ cosmopolites parisiens sur le retour, là ou les comportements de dégénérés mis en scène dans Bref 1 peuvent se retrouver chez certains post-lycéens sans éclat partout en France.