Rendons à César ce qui appartient à César : avec la première saison de Bref., Kyan Khojandi et Bruno Muschio avaient fait fort. C'était l'esprit Canal, hélas sur la fin mais on ne s'en doutait pas, un tout nouveau format court innovant et addictif qui parlait à énormément de gens, accessible pour tout le monde aussi puisque diffusé en clair et accessible sur internet assez rapidement légalement à l'époque.
Pour la deuxième saison dont l'annonce a été très tardive pour qu'il y ait un effet de surprise, ils ont vu les choses en grand. C'est Disney+ qui récupère le bébé et on passe sur un format long avec plus de budget. C'était casse-gueule et je comprends pourquoi ce choix du format long a été fait.
Maintenant, je trouve malheureusement que ça tombe dans les travers auxquels on pouvait s'attendre.
En faisant durer les épisodes, ça permet de réintroduire les personnages, de raconter ce qui leur est arrivé depuis la première saison, d'avancer dans l'intrigue et de développer un thème précis sur plus de temps. Ainsi, les fameuses métaphores et allégories du format court sont de retour mais en version XXL avec toute la lourdeur narrative que cela implique. Ça m'a donné l'impression que la série stagnait autant que son personnage, surtout que son propos est assez évident.
Ce qui est fort finalement, c'est que je pense que si Bref. marchait bien sur les gens de 16-17 ans quand c'est sorti (en tout cas c'est l'âge que j'avais), cette suite où le personnage à 40 piges devrait parler aux gens de 16-17 ans de maintenant. Parce que tout reste à faire pour eux, parce que le type de 40 ans qu'on suit reste un ado attardé et que niveau mise en scène c'est suffisamment créatif pour pardonner toutes les maladresses qu'on ne détecte pas à cet âge-là en tant que spectateur. Je veux dire, je suis peut-être trop vieux mais le "Il s'est assis 20 ans", "c'est le mec du film" ou le "Malaccompagnax 3000" c'est pas des trouvailles incroyables même si d'après une partie d'internet c'est révolutionnaire. Mais à force de voir d'autres trucs forcément on est moins impressionnés par tout ça, d'où ma réflexion sur l'âge du spectateur.
J'ai eu beaucoup de mal avec la direction artistique de cette nouvelle saison déjà parce que le personnage de Kyan est volontairement "rendu moche" mais un peu trop pour que ce soit crédible. Pourquoi ce bide et ces cheveux qu'il laisse pousser malgré sa calvitie ? Vraiment ça fait pitié. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais si Kyan était loin d'être un tombeur dans la première saison, c'était un type normal, un peu en dessous ou pile dans la moyenne on va dire. Mais là j'ai eu l'impression de voir un déchet. On va me dire que c'est le propos de la saison, mais y'a pas de relooking en cours de route qui le ferait davantage ressemblait à Kyan tel qu'il est maintenant (chauve et pas bedonnant) et pour son évolution je la trouve un peu... Simple. Ce sont de jolis messages qui sont transmis mais c'est assez basique. C'est sûr que ça fait jamais de mal de parler des épreuves de la vie et de remise en question dans une série axée vers le grand public en ces temps troublés, mais c'est fait de façon un peu plate et tire-larmes à mes yeux.
Bon là c'était vraiment du détail en soi, j'admets que je ne suis pas vraiment de bonne foi en insistant à ce point sur le look de ce fameux "Je". Mais même visuellement, je ne comprends pas comment ça peut être autant à côté de la plaque. La première saison était un peu cheap et avec une photographie de son époque, pas très colorée, avec des effets spéciaux de bonne facture pour de la télé.
Là on a des images très contrastées et en plus à chaque plan on a envie de régler sa télé tellement les couleurs dégoulinent de partout. C'est quoi ces tons oranges, ces tons bleus d'une laideur assez rare en 2025 ? Autant la plupart des séries de nos jours sont sous-éclairées, là c'est juste mal fichu et c'est moins grave mais pas très agréable à regarder.
Finalement ce sont les personnages féminins qui fonctionnent le mieux dans cette nouvelle saison alors que le récit se centre, comme dans la première saison, sur un homme et son point de vue, y compris lorsqu'il s'agit de sa vie sentimentale.